Consommer « français » : Acte citoyen ou astuce marketing ?18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Consommer « français » : Acte citoyen ou astuce marketing ?

Depuis qu'Arnaud Montebourg a posé pour le Parisien magazine dans sa marinière Armor Lux, en appelant à « consommer français », le drapeau tricolore et le « fabriqué en France » envahissent les catalogues de vente et les publicités les plus variées.

Optic 2000 a par exemple appelé sa dernière gamme de lunettes Mode in France, et a abandonné par la même occasion l'image de Johnny Hallyday qui, vivant une partie de l'année à Les Angeles, faisait trop mauvais genre en ces temps de crise ! Du côté des voitures, la Yaris fabriquée à Valenciennes est désormais désignée comme la Toyota made in France. Certains industriels sont même allés jusqu'au régionalisme, comme Findus qui a vanté ses bâtonnets de poisson made in Boulogne-sur-Mer.

Ces industriels essaient de doper leurs ventes grâce à l'idée selon laquelle acheter français serait un « acte citoyen », qui contribuerait en particulier à préserver l'emploi en France. Mercedes vante ainsi la Smart produite à Hambach, « petite, petite, mais on peut quand même y faire rentrer 1 500 emplois ».

Cette idée est pourtant totalement mensongère. Par ailleurs, cet « acte citoyen » n'est pas à la portée de toutes les bourses. Le Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), un organisme de recherche dans le domaine de l'économie, a estimé que consommer « français » conduirait à dépenser entre 100 et 300 euros de plus par mois ! Mais surtout, la majorité des produits industriels, y compris ceux estampillés fabriqué en France, comportent des centaines, voire des milliers de composants aux origines géographiques les plus diverses.

On peut prendre l'exemple de la dernière Clio de chez Renault. Si la voiture est une « entrée de gamme » ou un break, elle provient de Turquie, alors que s'il s'agit d'une berline haut de gamme, elle a été fabriquée en France. Quel que soit le modèle, le moteur n'est pas fabriqué en France, mais en Roumanie, en Espagne, en Turquie ou au Japon. Quant aux 8 000 pièces qui composent une voiture, dont les deux tiers en moyenne sont fournies par des entreprises extérieures au constructeur, bien malin qui peut dire où chacune d'elle a été fabriquée.

Qu'importe, tout est bien pour chercher à vendre, y compris vendre l'illusion qu'en achetant tel produit plutôt qu'un autre, on favorise l'emploi. Mais il n'y a pas d'autre moyen de le favoriser que de contraindre les capitalistes à embaucher et à répartir le travail, quitte à prendre sur les profits.

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