Air France : De nouvelles suppressions d'emplois18/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2355.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : De nouvelles suppressions d'emplois

Mercredi 18 septembre, le nouveau PDG d'Air France devait détailler de nouvelles réductions d'effectifs devant le comité central d'entreprise.

À son habitude, la direction a d'abord laissé filtrer l'information dans la presse cet été. Elle espérait « préparer » le personnel, avant d'annoncer, non plus 2 000, mais près de 3 000 départs dits volontaires, concernant tous les métiers et secteurs de la compagnie.

Depuis des années, la direction enchaîne les plans de réduction des coûts et d'accroissement de la flexibilité. Rien que depuis 2012, avec son dernier plan, elle a fait disparaître 5 122 emplois : un dixième de l'effectif.

Avec ce plan, Transform 2015, elle voulait récupérer 1,5 milliard, sous diverses formes, mais toujours sur le dos des salariés. Elle a gelé salaires et promotions, supprimé des jours de RTT, accru la productivité du travail, en clair l'exploitation. Ainsi, sur la plupart des vols, après avoir réduit l'équipage d'un PNC (steward ou hôtesse), elle va en retirer un autre. Une surcharge de travail qui nuit à la santé des PNC et n'améliore certainement pas la sécurité des passagers, dont le personnel de bord a la charge alors qu'on le force à courir sans cesse et qu'il est éreinté. Même chose dans les secteurs industriels de la maintenance où, comme à Orly-Nord, des hangars et ateliers se sont tellement vidés ces derniers temps qu'ils semblent déserts. Mais la masse du travail à effectuer, elle, n'y a pas réellement baissé.

Avec la nouvelle saignée dans les effectifs, la direction s'apprête à céder à la sous-traitance toute une partie de l'activité en escale, notamment dans les aéroports de Marseille, Nice, Ajaccio, Bastia. Cela veut dire du personnel moins nombreux, plus mal payé et surexploité, comme c'est de plus en plus le cas dans la plupart des métiers du transport aérien.

En outre, certaines lignes nationales et moyen-courriers devraient disparaître. Et, après avoir récemment créé des « bases province », en y délocalisant du personnel navigant, la direction s'apprête à réduire leur activité, ballotant une nouvelle fois le personnel d'un bout à l'autre du pays.

Les syndicats dénoncent à juste titre ces mauvais coups. Mais, en même temps, ils ne cessent d'en appeler à l'intervention de l'État pour qu'il aide la compagnie à « faire face à une concurrence déloyale », celles des compagnies du golfe Persique, et à « contrer la concurrence des compagnies low cost », celles dites à prix réduit.

Mais le gouvernement aide déjà – et comment ! – la direction d'Air France à « faire face à la concurrence ». Il représente l'État, encore détenteur de 15,9 % des actions d'Air France depuis sa privatisation, et a donné son feu vert à ces nouvelles attaques contre les salariés de la compagnie. Quant à montrer du doigt les compagnies low cost, c'est faire semblant d'oublier que, si elles cassent les prix, c'est sur le dos de leur personnel et de leurs passagers, vu les conditions dans lesquelles on les transporte. Et puis c'est dédouaner la direction d'Air France-KLM qui agit de la même façon quand elle développe ses filiales à bas coût et veut mettre l'ensemble de son personnel au régime « low cost » !

S'ils veulent ne pas se laisser faire, les salariés d'Air France ont tout intérêt à ne se faire aucune illusion : face à eux et contre eux, ils ont la direction de la compagnie, ses actionnaires et aussi le gouvernement, n'en déplaise aux dirigeants syndicaux.

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