Projet de réforme pénale sur la récidive : Beaucoup de bruit à droite, peu de chose à gauche11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de réforme pénale sur la récidive : Beaucoup de bruit à droite, peu de chose à gauche

Le feuilleton du projet de réforme pénale sur la récidive et l'individualisation des peines continue. Le moindre politicien de droite passant devant un micro hurle au laxisme et affirme que les tueurs vont être relâchés et les délinquants encouragés. Le syndicat de policiers Alliance a même déclenché une grève des amendes lundi 9 septembre pour dénoncer ce projet. Et tout cela avant même qu'on en connaisse réellement le contenu et alors que le texte n'est pas à l'ordre du jour du Parlement. Qu'importe, en matière de démagogie sécuritaire, tout est bon.

Ce fut d'ailleurs la politique suivie par Sarkozy durant dix ans, inventant une nouvelle loi répressive après chaque fait divers, sans évidemment que la délinquance, petite, moyenne ou grande, ne diminue. Hollande avait moqué cette inefficacité et ce brassage d'air et promis en particulier d'abroger les « peines plancher » qui fixent un minimum de peine pour les récidivistes, quelles que soient les circonstances du délit, la personnalité de l'accusé et l'opinion du juge.

Le gouvernement socialiste se retrouve maintenant devant les mêmes problèmes que son prédécesseur. La délinquance ne diminue pas. Les délinquants qui sortent de prison récidivent en grand nombre, c'est-à-dire qu'ils reprennent le même mode de vie. Et on ne voit pas par quel miracle il pourrait en être autrement, puisque 78 % d'entre eux sortent sans aucune aide pour leur réinsertion, et se retrouvent dans le même environnement.

Les différentes réformes se heurtent de plus à un problème technique de taille : il y a moins de places en prison que de prévenus et de condamnés. Il y avait au 1er août 67 683 personnes détenues, dont 16 454 avant jugement, pour 57 238 places. Cette surpopulation carcérale existe depuis des années. Ce qui fait que le gouvernement précédent, tout en affirmant vouloir envoyer les délinquants en prison dès le plus jeune âge, avait quand même une politique de libération anticipée et de peines alternatives, ne serait-ce que pour faire de la place. Mais il ne s'en vantait certes pas.

Christiane Taubira a proposé d'aménager et d'individualiser les peines et de suivre les prisonniers à leur sortie pour les réinsérer, ce qui ressort du simple bon sens. Mais tout cela en est resté aux intentions : le ministre de l'Intérieur d'abord, le gouvernement tout entier ensuite, ont repris le discours sécuritaire de leurs prédécesseurs de droite et la ministre de la Justice s'est alignée. D'autant plus que le gouvernement n'a évidemment pas d'argent à consacrer à la réinsertion des délinquants.

L'avant-projet de loi, tel qu'il a été présenté par les journaux, revient sur une seule mesure de Sarkozy, les peines plancher, et conserve donc toutes les autres. Il introduit la « contrainte pénale », sorte de condamnation sans emprisonnement qui existait déjà sous un autre nom, et l'examen systématique de la situation des condamnés lorsqu'ils ont accompli les deux tiers de la peine, ce qui est la moindre des choses.

Autrement dit, en l'absence de moyens rien ne changera vraiment dans l'univers carcéral. Mais, bien entendu, les gouvernements continueront à faire des discours sur la sécurité et la prévention de la récidive, tout en contribuant à massacrer les quartiers populaires par leur politique de régression sociale.

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