Nos lecteurs écrivent : Une rentrée apaisée ?11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Une rentrée apaisée ?

Chers camarades,

Je vous écris pour vous décrire la rentrée d'une AVS, beaucoup moins apaisée que ce que Peillon voudrait nous faire croire. Auxiliaire de vie scolaire (AVS) en contrat aidé depuis janvier 2013, l'an passé, je m'occupais de l'accompagnement d'un élève handicapé en CM2. Mais fin juin, l'inspection académique n'a pas su me dire à quel établissement ni à quelle mission je serai affectée à la rentrée. Toujours sans nouvelles à la mi-août, je les ai appelés des dizaines de fois avant de réussir à tomber sur une interlocutrice : la coordinatrice départementale des AVS, apparemment seule pour gérer les affectations de plus de 500 AVS auprès de 800 élèves !

Elle m'apprend d'abord que je suis nommée auprès du même élève que pour mon premier contrat – ce qui est clairement une erreur. Cherchant en vain un autre élève auprès duquel me nommer, elle finit par me dire de retourner dans l'école où j'étais précédemment, à disposition de l'équipe enseignante, jusqu'à ce qu'elle trouve un autre accompagnement pour moi...

Mardi 3 septembre, je réintègre donc « mon » école primaire, où j'assiste à la mascarade des nominations de dernière minute. Une institutrice arrive pendant l'appel des élèves : on l'a prévenue le matin même, à 8 h 30, de son affectation. Un autre instituteur n'arrivera que l'après-midi, prévenu trop tard. Des regards dubitatifs s'échangent entre les parents ébahis.

À la fin de l'appel, une maman vient me voir, désemparée : son enfant a besoin d'une AVS et n'en a pas. La famille arrive du sud de la France et le dossier, pourtant complet, n'a pas fini à temps son chemin dans les méandres administratifs. Un élève sans AVS, une AVS sans élève : la solution paraît simple mais il me faut de nouveau faire des pieds et des mains auprès de la coordinatrice des AVS pour que l'arrangement soit validé. Le lendemain, j'apprends par l'enseignante de la CLIS (classe pour l'inclusion scolaire) de l'école qu'un treizième élève va arriver dans sa classe... alors que l'effectif y est normalement limité à douze et que l'élève en question, autiste, ne sachant ni parler ni écrire, relève d'une tout autre structure.

Bref, voici le récit d'un jour de rentrée banal pour une AVS dans une école primaire qui compte 150 élèves et 4 AVS cette année.

Cerise sur le gâteau, si on peut dire : à l'heure qu'il est, l'élève que j'accompagnais l'an dernier n'a pas trouvé de place en ULIS (unité localisée pour l'inclusion scolaire) et a donc été inscrit en catastrophe dans une sixième ordinaire, où il peinera d'autant plus qu'il est pour l'instant sans AVS.

Au fait : tout le monde me félicite de ma future titularisation – car les médias, muets sur les grèves des AVS au mois de juin, ont annoncé à grands coups de clairon la titularisation de milliers d'AVS. De quoi rire jaune, car étant AVS en contrat aidé, je ne suis pas concernée par ces titularisations. J'exerce pourtant le même métier, avec la même motivation. Mon seul tort est peut-être d'être moi-même... travailleuse handicapée (scoliose invalidante) ?

Il y a quand même une cause de satisfaction : la municipalité dont dépend mon école a choisi de ne pas appliquer la « réforme des rythmes scolaires » cette année. Rendez-vous à la rentrée de septembre 2014 pour de nouvelles réjouissances !

Une AVS (académie de Nantes)

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