Alors que le gouvernement prétendait revenir sur la remise en cause de l'accueil en maternelle des enfants de deux ans par son prédécesseur, de nombreux enfants de trois ans n'ont pas pu être accueillis dès la rentrée. Partout, la montée démographique a été sous-estimée et les classes de petite section sont surchargées. Comme toujours, c'est particulièrement vrai dans les départements les plus populaires, souvent plus jeunes et comportant des familles nombreuses.

Ainsi, en Seine-Saint-Denis, il est fréquent de trouver des effectifs à 26 voire 30 élèves par classe. Éduquer, amuser, enseigner le langage dans ces conditions relève d'une mission impossible, même si dans de nombreuses écoles, les professeurs peuvent compter – et d'ailleurs pas obligatoirement à la journée – sur une auxiliaire, une Atsem qui les épaule en plus de sa tâche de ménage. Pour autant, comment gérer trente enfants dont la plupart ne sont pas encore autonomes, quand l'un se met à pleurer, l'autre demande à aller aux toilettes et deux autres chahutent ? Et malgré ces effectifs pléthoriques, certains enfants sont encore sur liste d'attente puisque l'école maternelle n'est pas obligatoire. Les parents devront chercher au dernier moment des moyens de garde pour leurs enfants.

Ces premières années en maternelle sont pourtant primordiales pour l'apprentissage de la langue par l'enfant ; c'est d'autant plus vrai pour les enfants dont les parents parlent mal le français, voire pas du tout. Cette pénurie de classes de maternelles va accroître l'inégalité devant la culture et, de fait, l'inégalité sociale.