Défense : Un gouffre pour les finances de l'État11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Défense : Un gouffre pour les finances de l'État

À l'approche du vote de la loi de programmation militaire, sept industriels de l'armement (dont les patrons de Dassault, Safran, Thales, EADS) ont envoyé une lettre au gouvernement et aux députés pour leur rappeler toute l'importance du budget de la défense pour le pays. Mettant en avant l'importance de l'autonomie stratégique, de l'innovation technologique et bien sûr des emplois, ils souhaitent que le budget prévu pour 2014-2019 soit conséquent, et surtout entièrement dépensé car les malheureux se lamentent du fait que dans le passé cela n'aurait pas toujours été le cas.

Personne n'est dupe de ce que les emplois et la technologie arrivent assez loin dans les préoccupations de ces poids lourds capitalistes après les profits engrangés. Et derrière l'expression « autonomie stratégique » se cachent les intérêts de l'impérialisme français qui a besoin d'arguments militaires s'il veut continuer à peser dans les conflits mondiaux pour le bénéfice des industriels français. Il est par conséquent particulièrement choquant, en ces temps où l'État applique la rigueur aux classes populaires, de voir ces industriels chercher à puiser plus encore d'argent dans ses caisses. Le montant qui sera discuté pour cette loi budgétaire – sur cinq ans – est en effet de l'ordre de 190 milliards d'euros !

D'autant que dans le passé, les budgets initialement prévus pour de très nombreuses commandes de l'État et pas des moindres ont été régulièrement dépassés, voire multipliés par deux ou trois, et cela les patrons de l'armement le savent très bien car faire voter au départ un montant inférieur est une stratégie pour faire approuver les budgets. Cela est possible parce que les députés et sénateurs acceptent de jouer le jeu et parce que les budgets de la défense sont extensibles, à l'inverse des budgets sociaux. Pour les fabricants d'armes, l'État trouve toujours des rallonges, comme par enchantement.

Preuve en est donnée par la présidente socialiste de la commission de la défense de l'Assemblée nationale Patricia Adam, qui, à la question de savoir ce qui sera véritablement dépensé dans les cinq ans à venir, répond « une des deux variables ce sont les Rafale ». Cela signifie que dans le cas où son fabricant – le milliardaire Dassault – ne réussirait pas à vendre ses avions à l'étranger, l'État se porterait une fois de plus au secours de l'avionneur en achetant plus de Rafale que prévus. Rappel du prix du Rafale : 152 millions d'euros l'unité !

Ces dépenses colossales au bénéfice des fabricants d'armes se font au détriment des budgets utiles à la population et des services publics sacrifiés en ces temps de crise. Chaque Rafale acheté correspond environ au salaire sur un an avec les charges de plus de 3 000 fonctionnaires payés 1 500 euros par mois.

Partager