Calaire chimie – Calais : Dans les griffes des financiers11/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2354.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Calaire chimie – Calais : Dans les griffes des financiers

L'avenir est toujours incertain pour les 197 salariés de l'usine Calaire chimie, mise en redressement judiciaire en juin dernier et spécialisée dans la production de composants pharmaceutiques et de traitements des végétaux.

Privatisée en 1996, elle est restée pendant plus de quinze ans dans le groupe belge Tessenderlo, dont l'État français est encore l'un des actionnaires les plus importants avec 27 % via la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs).

Un plan social en 2010 avait déjà supprimé 50 postes sur 250. En décembre 2012, elle a subitement été revendue à ICIG (International Chemical Investors Group), un holding qui possède dix-sept sites en Europe, tous juridiquement indépendants. Créé en 2004, ce holding allemand s'est spécialisé dans le rachat et la restructuration de filiales dont les grands groupes de la chimie veulent se débarrasser.

En janvier 2009, ICIG racheta ainsi l'usine Azur chimie à Port-de-Bouc dans les Bouches-du-Rhône. Il mit d'abord en avant un nouveau projet industriel, puis voulut supprimer des postes. Finalement, moins d'un an plus tard, le 31 décembre 2009, le site était fermé.

De même, en avril 2009, ICIG ferma l'usine Corden PharmaChem de Landen en Belgique, alors qu'elle avait des perspectives de production. La direction invoqua alors des problèmes de « liquidités » pour se justifier. Puis il y eut les 43 suppressions de postes sur 270, dont 24 licenciements, dans l'usine chimique PPC (potasse et produits chimiques) de Vieux-Thann en Alsace en juin 2010. Puis 15 emplois supprimés, en novembre 2011, dans l'usine Synkem de Chenôve (Côte-d'Or).

Toutes ces restructurations ne sont pas passées comme une lettre à la poste. Plusieurs mouvements sociaux s'y sont opposés, comme celui des ouvriers d'Azur Chimie qui obtinrent ainsi 15 000 euros supplémentaires d'indemnité de licenciement en juillet dernier. ICIG a également dû débourser 20 000 euros de plus par salarié pour les 24 licenciements de PPC à Vieux-Thann.

Le holding ICIG assume lui-même les plans de licenciements voire les fermetures. L'indépendance juridique entre les sites du holding lui permet de les mettre en faillite sans conséquence sur les autres. ICIG vante « sa discipline de restructuration » et déclare « nous n'avons pas peur de situations de restructuration difficiles. »

Peu après le rachat de l'usine Calaire chimie de Calais, la direction d'ICIG a accusé l'ancien propriétaire, Tessenderlo, de mensonge sur le chiffre d'affaires espéré pour mieux pouvoir justifier en juin la mise en redressement judiciaire. Le 5 septembre, le tribunal de commerce a annoncé qu'un accord avait été trouvé entre l'ancien et le nouveau propriétaire pour investir six millions d'euros, mais il faudra attendre encore le 13 septembre pour connaître les conséquences sociales de cet accord.

Ces deux groupes ont rapporté et rapportent toujours des profits très élevés à leurs actionnaires, cachés qu'ils sont derrière le secret des affaires et l'opacité de leurs comptes. Des profits actuels et passés avec lesquels ces grands groupes capitalistes auraient tous les moyens de maintenir les emplois.

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