Algérie : Les autorités politiques à la rescousse des religieux14/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2350.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : Les autorités politiques à la rescousse des religieux

Les procédés policiers pour faire respecter le jeûne ne sont pas une première en Algérie. Cela fait plusieurs années que les autorités, dans un climat de religiosité entretenu et encouragé par le gouvernement, arrêtent des personnes surprises en train de manger ou de boire pendant le Ramadan.

Lorsqu'ils provoquent une mobilisation populaire et médiatique suffisante, les procès se terminent par des relaxes pures et simples. Mais ce n'est pas toujours le cas, tels ces deux jeunes d'Oum El Bouaghi (situé près de la frontière tunisienne), condamnés en octobre 2010 à deux et trois ans de prison ferme et 50 000 dinars d'amende chacun pour atteinte à un dogme ou précepte de l'islam, selon l'article 144 bis 2 du code pénal. De même, l'an dernier à Biskra, plusieurs non-jeûneurs ont été arrêtés et condamnés pour les mêmes raisons.

Les avocats des victimes de toutes ces affaires dénoncent l'arbitraire des autorités et contestent le flou de la justice sur ces questions. En effet, si la Constitution algérienne stipule que l'islam est la religion d'État (article 2), elle garantit aussi, du moins en théorie, la liberté de conscience et la liberté d'opinion (article 36). Sur le terrain, la réalité est bien entendu tout autre.

L'interdiction de manger publiquement durant le mois de Ramadan date d'ailleurs des années 1960, au travers d'une circulaire interwilayas (interdépartementale) interdisant l'ouverture des restaurants durant le mois dit sacré. Mais cela ne fut pas appliqué à la lettre, du moins jusqu'aux années 1980. Au moins dans les villes, des restaurants restaient ouverts pendant le Ramadan et ne jeûnaient que ceux qui voulaient.

Depuis, sous la pression des autorités politiques et des islamistes caressés dans le sens du poil par le pouvoir, les choses ont bien changé. C'est ainsi qu'aujourd'hui les seuls restaurants ouverts dans le pays sont ceux des hôtels de luxe et les autorités, tout autant que les islamistes, incitent par tous les moyens la population à respecter le jeûne. Cette année, dans la capitale par exemple, les quelques débits de boisson qui avaient échappé à la censure générale antialcoolique ont été contraints de fermer au moins trois semaines avant le début du Ramadan, et ce sur l'ordre direct du wali (préfet) d'Alger.

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