Retraites : Repousser les attaques du gouvernement et du patronat10/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2345.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Repousser les attaques du gouvernement et du patronat

Les confédérations syndicales, CGT, FO, FSU et Solidaires, réunies lundi 8 juillet appellent à une journée de grèves et de manifestations le 10 septembre contre les projets inacceptables du gouvernement et du patronat qui veulent s'en prendre à nouveau aux salariés et aux retraités.

C'est le rapport Moreau, concocté par la Commission pour l'avenir des retraites, qui va servir de base aux attaques. Cette commission a été créée sur mesure en février dernier par Jean-Marc Ayrault pour donner une apparence objective, voire scientifique, aux attaques des gouvernements et du patronat contre les salariés et les retraités.

La commission a lu dans sa boule de cristal que les caisses de retraites seraient en déficit de quelque 20 milliards en 2020, et elle se risque même à prévoir divers scénarios évaluant les besoins de financement en 2040 et en 2060 ! Ces experts voient loin, très loin, quand il s'agit de justifier l'injustifiable.

Attaques contre les actifs....

Les entretiens que Jean-Marc Ayrault a eus avec les confédérations syndicales la semaine dernière n'ont fait que confirmer la volonté du gouvernement d'utiliser les conclusions du rapport Moreau pour justifier un nouvel allongement de la durée de cotisation. Hollande l'avait d'ailleurs déjà annoncé en prétendant même que c'était « la mesure la plus juste » ! Mais où est la justice quand un salarié, approchant du départ avec une retraite pleine, voit cette possibilité reculer ? La retraite devient alors une sorte de mirage que beaucoup désespèrent d'atteindre. La durée de cotisation est déjà de 41 ans et demi et la loi Fillon de 2003 avait prévu de l'amener à 42 ans en 2020, prétextant l'augmentation de l'espérance de vie. Il serait question d'accélérer ce système et de le perpétuer au-delà de 2020 pour atteindre 43, voire 44 ans de durée de cotisation.

Bien que le gouvernement dise ne pas vouloir reculer encore l'âge de la retraite, l'allongement de la durée de cotisation aboutit en fait au même résultat : il faudrait travailler plus longtemps pour parvenir à obtenir une retraite à taux plein. Mais les patrons se débarrassent des travailleurs âgés et seulement un peu plus de la moitié des personnes entre 55 et 60 ans ont un emploi. Et quand arrive l'âge de la retraite, déjà repoussé à 62 ans, la grande majorité des travailleurs sont sans emploi. Hollande reconnaît, avec un certain cynisme, que « si nous ne parvenons pas à retenir les seniors dans l'emploi, alors nous n'aurons fait qu'augmenter la durée du chômage pour les plus de 60 ans sans faire d'économies pour le régime général ».

Augmenter la durée du chômage, alors que les années de chômage aboutissent à une réduction considérable de la pension de retraite ? Augmenter la durée du chômage alors que des centaines de milliers de personnes, arrivées en fin de droit, tomberont dans la misère ? Le gouvernement est bien conscient de cette ignominie mais il ne veut pas déplaire au patronat en l'obligeant à payer. Non seulement il ne va pas augmenter les cotisations patronales - ou alors vraiment a minima - car le patronat est contre, mais il n'est pas question de supprimer les exonérations de cotisations sociales du patronat qui vident les caisses depuis trente ans ! Ces exonérations se montent à près de 30 milliards d'euros chaque année, c'est plus du double du déficit des caisses de la Sécurité sociale, y compris la caisse de retraite. Si le patronat payait ce qu'il doit, il n'y aurait aucun problème de financement de la protection sociale. Non seulement le gouvernement n'a nullement l'intention de revenir sur les cadeaux antérieurs mais il a commencé par donner 20 milliards de plus au patronat.

...et contre les retraités !

Comme il faut bien payer toutes ces largesses envers le patronat, le gouvernement envisage de s'en prendre non seulement aux actifs mais aussi aux retraités, sous prétexte d'équité pour que tout le monde paye. Il n'a que l'embarras du choix sur la façon de réduire le montant des pensions : ne pas les revaloriser en fonction de la hausse des prix, augmenter les prélèvements comme la CSG, supprimer l'abattement de 10 % lors de la déclaration d'impôt, etc. Toutes mesures inacceptables alors que la pauvreté se répand déjà chez les vieux travailleurs.

Gouvernement et patronat arguent du déficit des caisses de retraites pour imposer des sacrifices à la population laborieuse. Il s'agit d'un piège car le problème est posé volontairement à l'envers : au lieu de rogner sur les droits des travailleurs, il faut au contraire partir de ces droits et les améliorer au fil des années et trouver ensuite les financements dans les richesses produites qui ne cessent d'augmenter, malgré la crise. La retraite à 60 ans avec 37 années et demie de cotisation était considérée comme un droit il y a trente ans. Aujourd'hui les travailleurs ne devraient pas avoir à partir dans de plus mauvaises conditions, bien au contraire, et la pension de retraite devrait être égale au salaire car la vie n'est pas un tiers moins cher pour les retraités !

Alors oui, il faut se préparer à se défendre et à refuser toute nouvelle régression. Plus même ; c'est une véritable contre-offensive qu'il faut préparer pour regagner le terrain perdu.

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