Procès « pétrole contre nourriture » : Circulez, il n'y a plus rien à voir10/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2345.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès « pétrole contre nourriture » : Circulez, il n'y a plus rien à voir

Le procès « Pétrole contre nourriture » s'est achevé le 8 juillet par la relaxe des vingt prévenus, dont Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur, le trust Total et des diplomates et hauts fonctionnaires. Ils étaient accusés de corruption, trafic d'influence ou complicité d'abus de biens sociaux, mais à en croire le tribunal, ils sont donc blancs comme neige. Le parquet avait pourtant demandé des condamnations dont celle de Total à 750 000 euros.

Le programme « Pétrole contre nourriture », présenté comme une opération humanitaire, avait été mis en place de 1996 à 2003, pour atténuer les conséquences dramatiques pour la population irakienne de l'embargo de l'ONU qui, depuis la fin de la première guerre du Golfe en 1991, étranglait le pays. Le régime de Saddam Hussein avait été autorisé à vendre sa seule ressource, le pétrole, en échange de biens de consommation, nourriture, médicaments et biens d'équipement. Mais sur les 64 milliards de dollars qu'aurait représentés cette opération, de 10 à 40 milliards auraient abouti dans les poches des dirigeants irakiens de l'époque et celles d'amis étrangers du régime, récompensés en pots-de-vin pour leur complicité. En effet, Saddam Hussein choisissait à qui il vendait son pétrole et à qui il achetait la nourriture et chacun des échanges donnait lieu à des pots-de-vin conséquents, les trusts payant pour être choisis et Saddam Hussein touchant des dessous-de-table pour les avoir choisis. La population irakienne ne voyait bien sûr rien de ces millions de dollars.

Ce procès aura quand même permis de lever un peu le voile sur les pratiques de corruption à l'échelle mondiale. Dirigeants irakiens, industriels, banquiers, etc. ont tous été mis en cause dans ce trafic où ils agissaient comme larrons en foire. L'ONU avait donné en 2005 le chiffre de 2 200 sociétés dans 66 pays, impliquées dans ce trafic, et pour la France des géants comme Total, Peugeot ou Renault Véhicules Industriels. Mais ce que même les commissions de l'ONU ont dénoncé, la présidente du tribunal correctionnel de Paris ne l'a pas vu. Pour elle, aucun délit, pas de corruption ni de trafic d'influence, et encore moins d'abus de bien sociaux.

La justice a donc blanchi les inculpés et nié les magouilles des industriels et des dictateurs. Quant aux souffrances de la population irakienne depuis près de vingt ans, c'est bien le cadet de ses soucis. Un second procès doit avoir lieu prochainement en France, avec quatorze sociétés au ban des accusées. Le résultat du premier procès peut leur laisser espérer une même attitude complaisante qu'avec les Pasqua Total et autres.

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