Limogeage de Delphine Batho : Congédiée pour plaire aux trusts de l'énergie10/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2345.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Limogeage de Delphine Batho : Congédiée pour plaire aux trusts de l'énergie

Limogée mardi 3 juillet du gouvernement officiellement pour avoir critiqué les coupes prévues dans son budget en 2014, Delphine Batho, ministre de l'Écologie, lors d'une conférence de presse tenue deux jours après, a accusé le gouvernement d'avoir en fait cédé à la pression de « certaines forces économiques qui... ne se sont pas cachées de vouloir ma tête ».

Citant le fait que le PDG de Vallourec - entreprise qui travaille pour l'industrie du pétrole, du gaz, de l'électricité, etc - « a annoncé ma chute prochaine voilà des semaines aux États-Unis. De quelles informations disposait-il pour le savoir ? » a-t-elle interrogé. Il se trouve que le PDG en question est aussi l'époux de la directrice de cabinet de François Hollande, ce qui, évidemment, doit faciliter le contact.

Appelée le 21 juin 2012 à remplacer Nicole Brick aux commandes du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, Delphine Batho était chargée depuis novembre 2012 d'organiser le « grand débat national sur la transition énergétique », promis par Hollande lors de la campagne présidentielle. Elle s'y est fait, rapporte la presse, un certain nombre d'ennemis parmi les industriels présents ou représentés à ce débat, notamment à propos de ses deux principales pierres d'achoppement : la place de l'énergie nucléaire, et l'interdiction de l'exploitation du gaz de schiste.

Récemment, Robert Durdilly, conseiller de la présidence d'EDF et président de l'Union française de l'électricité (UFE), mettait en cause « la façon dont le débat a été lancé », déplorant « le peu de place laissée aux entreprises ». Et le 20 juin, le document présentant la synthèse des « priorités » de la transition énergétique, jugé inacceptable par le patronat, selon le journal Le Monde, était retiré du site du ministère de l'Écologie, sitôt après avoir été présenté. Moins de quinze jours plus tard, la ministre était limogée.

Ce n'est pas la première fois que Hollande et Ayrault enterrent de vagues promesses de la campagne présidentielle et cèdent ainsi ouvertement aux exigences des trusts de l'énergie. En juin 2012, Nicole Brick, la ministre de l'Écologie précédente, avait déjà été écartée et mutée à un autre poste sous la pression des industriels du pétrole, parce que certains de ses projets menaçaient ou risquaient de menacer leurs intérêts, ou simplement parce que ses déclarations ne leur plaisaient pas.

L'épisode est significatif de la façon dont le gouvernement est capable de s'aplatir devant les exigences du grand patronat quand les intérêts de ce dernier sont en cause. Il en est même presque caricatural : puisque ce sont les trusts de l'énergie qui en arrivent même sinon à faire du moins à défaire les ministres de l'Écologie ! Mais au-delà de ce cas particulier, et très spectaculaire, c'est toute la politique du gouvernement, de la loi sur la flexibilité au crédit d'impôt compétitivité en passant par la réforme des retraites, qui est marquée par cette volonté de s'incliner devant les exigences du patronat.

Cette politique, ce « tournant vers la rigueur », « prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite » a affirmé à juste raison Delphine Batho. Que ne l'a-t-elle dit plus tôt.

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