DGSE : Big Brother à la française10/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2345.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

DGSE : Big Brother à la française

Lorsque Edward Snowden, un ancien employé de la NSA (agence de sécurité américaine), a révélé l'existence de « Prism », un vaste système de surveillance mis en place par l'État américain aux États-Unis et dans le reste du monde, toute la classe politique française s'est indignée, appelant à ce que les États-Unis cessent immédiatement cette pratique. Une semaine après, une enquête du journal Le Monde rappelle que l'État français fait à peu près la même chose... mais avec moins de moyens et dans l'illégalité la plus totale.

Selon les journalistes du Monde, la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) intercepte toutes les communications non seulement entre la France et l'étranger, mais aussi à l'intérieur du territoire. Elle les stocke pendant des années et les met à la disposition des autres services de police, notamment la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), qui regroupe les anciens renseignements généraux et la DST (Direction de la surveillance du territoire). Contrairement à la NSA américaine, qui enregistre les contenus des communications, la DGSE n'enregistrerait « que » les métadonnées, c'est-à-dire les données de connexion : pour un appel téléphonique, le numéro de téléphone du correspondant, la durée et le lieu de l'appel ; pour un e-mail, l'objet, les destinataires, la date de l'envoi. Cela lui permet de savoir qui est en relation avec qui puis, dans un deuxième temps, d'examiner le contenu des communications si un service en fait la demande.

Ces révélations n'en sont pas vraiment. En 2010, le directeur technique de la DGSE déclarait par exemple : « Toutes ces métadonnées, on les stocke, sur des années et des années. Quand on s'intéresse à une adresse IP ou à un numéro de téléphone, on va chercher dans nos bases de données. On retrouve la liste des correspondants du suspect pendant des années. On arrive à reconstituer tout son réseau ». Il ajoutait, sans gêne : « Nous stockons bien évidemment tous les mots de passe, nous avons des dictionnaires de millions de mots de passe ».

Tout en justifiant la surveillance généralisée du territoire par la lutte contre le terrorisme, le gouvernement s'est empressé de nier l'existence de ces dispositifs. Mais il faudrait être naïf pour le croire : tous les gouvernements se sont toujours autorisés à ficher la population, légalement ou pas. Liberté, État de droit sont des termes que l'on agite pour la façade mais qui n'ont pas cours dans les sombres services de l'appareil d'État.

Partager