Logement : Duflot a des idées... pour ne pas contrarier les requins de l'immobilier04/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2344.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Duflot a des idées... pour ne pas contrarier les requins de l'immobilier

Fin juin, la ministre du Logement, Cécile Duflot, a présenté en Conseil des ministres un nouveau projet de loi. À peine esquissé, il soulève déjà des tollés chez tous les professionnels de l'immobilier. La simple perspective qu'on puisse seulement écorner leur liberté de faire de l'argent, et même beaucoup d'argent, avec le logement leur fait sortir les griffes : « On prend les propriétaires pour des vaches à lait », la ministre donne un « coup de poignard » dans le dos des agents immobiliers, on veut « casser le marché immobilier », on va « déresponsabiliser les locataires » qui ne paieront plus leurs loyers, etc.

Pourtant, Cécile Duflot n'envisage aucune mesure coercitive vis-à-vis des propriétaires, seulement une réédition de dispositions qui existent déjà.

Ainsi, pour tenter de freiner les loyers qualifiés d'abusifs, elle propose la mise en place d'un Observatoire des prix. Mais des observatoires de ce type, réalisés par les agents immobiliers, les notaires, les administrateurs de biens, les promoteurs et même le ministère, etc., existent déjà depuis de nombreuses années. Les grilles de prix qu'ils donnent servent de base aux propriétaires pour fixer le loyer... et n'ont jamais permis de baisser, ou simplement de modérer, les prix. Quant au loyer médian que propose d'établir Cécile Duflot, il n'aurait de toute façon qu'une valeur de simple référence.

Autre coup d'épée dans l'eau en faveur des locataires et de ceux qui cherchent un logement : le projet d'une « garantie universelle des loyers », qui permettrait d'assurer à tous les propriétaires que leurs loyers seront payés rubis sur l'ongle dans tous les cas où le locataire est défaillant. La garantie de loyers impayés existe déjà, et ce n'est pas pour cela que les propriétaires acceptent plus facilement de mettre leur bien en location à un prix raisonnable. Les propriétaires n'ont pas l'intention de débourser un centime de plus pour s'assurer. Donc, soit les locataires payent cette nouvelle garantie, soit le gouvernement se débrouille pour financer son projet et indemniser les propriétaires lorsqu'un locataire est défaillant... avec l'argent de la communauté.

En fait, ce énième projet, s'il était appliqué, ce qui n'est même pas dit, n'aurait rien de contraignant et resterait très en deçà de ce qui serait nécessaire pour améliorer sérieusement et rapidement la situation de ceux qui cherchent à se loger. Sans parler de la nécessité de construire rapidement et directement les centaines de milliers de logements qui manquent, le gouvernement socialiste reste incapable d'imposer quoi que ce soit aux capitalistes de l'immobilier, aux propriétaires, et en particulier à ces grands propriétaires qu'on appelle institutionnels, qui possèdent des dizaines de milliers de logements, qui font des centaines de millions de bénéfices et imposent des loyers, y compris dans le logement social, qui sont beaucoup trop élevés par rapport aux revenus les plus modestes.

Bloquer les loyers à un niveau décent ne résoudrait bien sûr pas tous les problèmes. Mais ce serait une mesure de première urgence, qui ne coûterait rien au budget et au gouvernement, si ce n'est un peu de courage politique. Car, pour faire respecter par les propriétaires un tel blocage, il faudrait nécessairement faire appel à la mobilisation des locataires. Duflot n'envisage évidemment rien de tel.

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