Alcatel – Calais : Encore une multinationale qui pleure misère04/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2344.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel – Calais : Encore une multinationale qui pleure misère

L'usine Alcatel Submarine Network à Calais, après plusieurs vagues de licenciements, ne compte plus que 428 salariés. Spécialisé dans la fabrication de câbles optiques sous-marins, ASN appartient à la firme franco-américaine Alcatel Lucent.

Sous prétexte d'affronter la concurrence d'autres géants des télécommunications et prétextant de « lourdes pertes » en 2012, l'entreprise a annoncé en décembre dernier la suppression de 5 490 emplois dans le monde, dont 1 430 en France. Elle a pourtant réalisé plus d'un milliard de profits en 2011 et, cette année-là, les seize plus hauts dirigeants du groupe se sont octroyé une augmentation de 35 %. Pour eux et pour les actionnaires qu'ils servent, ça ne va pas si mal que ça. Mais la direction dit vouloir revenir à une « situation saine » d'ici 2015.

À Calais, les ouvriers ont subi la période de chômage partiel fin 2012 mais ont été épargnés par la dernière vague de licenciements. Et cette usine est présentée comme l'une des plus rentables. Cependant dans la presse économique courait depuis décembre la rumeur d'une cession éventuelle du site de Calais... récemment démentie. Mais les actionnaires se gardent bien de dévoiler publiquement leurs vrais projets.

Les travailleurs sont inquiets quant à la réorganisation prévue : le passage de cinq équipes à trois, que la direction veut imposer, va forcément dégrader et les salaires et les rythmes de vie. Et ils craignent que se prépare un plan social déguisé : « Il y aura, c'est logique, beaucoup plus de salariés présents sur un même cycle. Ça veut dire qu'à la première baisse de production on nous dira qu'il faut dégraisser », dénoncent les syndicats.

Cette multinationale s'est illustrée dans la cession de sites à divers repreneurs qui lui ont permis de se débarrasser de salariés et ont permis aux actionnaires de placer leurs capitaux dans des secteurs encore plus rentables, comme la finance. Mais ce n'est pas ce qu'expliquent certains dirigeants syndicaux ou politiques, à la recherche d'une « solution industrielle » pour l'entreprise, comme si ces actionnaires attendaient des conseils de bonne gestion !

Début juin, pour exiger la hausse de salaire demandée par les syndicats et refusée par la direction, 300 ouvriers, la majorité de l'usine, ont bloqué le chargement de câbles et débrayé une heure par jour. Depuis, les débrayages continuent. Les grévistes exigent une augmentation de 3 %, soit environ 40 euros sur un salaire brut moyen de base de 1 700 euros, une goutte d'eau face au torrent des profits accumulés.

Bien sûr, la mobilisation n'est pas facile dans la situation présente, mais c'est la seule issue possible : elle seule permettra d'imposer à des géants comme Alcatel Lucent de prendre sur leurs bénéfices pour garantir des salaires décents.

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