Bangladesh : Les travailleurs du textile décidés à ne pas se laisser faire29/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2339.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : Les travailleurs du textile décidés à ne pas se laisser faire

Au Bangladesh, un mois après l'effondrement d'un immeuble d'usines textiles qui a tué au moins 1 129 ouvriers et ouvrières, six mois après l'incendie d'une autre usine où 112 travailleurs avaient péri, quelques géants de la distribution et de grandes marques de vêtements ont signé un accord dit « de prévention des incendies et de sécurité des bâtiments ».

L'accord ne va pas bien loin. Les entreprises signataires s'engagent à verser collectivement 60 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer les conditions de travail et de sécurité – ce qui est dérisoire – et des inspections périodiques de contrôle seront faites par des inspecteurs indépendants. Reste à savoir si elles toucheront les quelque 4 500 usines de confection du Bangladesh et si elles iront jusqu'au bout de la cascade de sous-traitants.

Pourtant, malgré les limites et l'hypocrisie de ce protocole d'accord, seules 38 marques ont accepté de le signer, dont les européens Benetton, Primark, Marks & Spencer, H&M, Zara et, en France, le groupe Carrefour. Nul doute qu'elles se serviront de ce bout de papier pour se faire de la publicité, et peut-être augmenter leurs prix au nom du commerce « éthique ». Mais même ce geste symbolique est encore trop pour beaucoup de marques, dont les géants américains Walmart et Gap ou le japonais Uniqlo. Wallmart se justifie en disant qu'il inspectera lui-même les 279 usines qui travaillent pour lui au Bangladesh.

Par ailleurs, à l'instar de Disney, Levy Strauss, Nike ou H&M, plusieurs marques se tournent maintenant vers l'Afrique du Sud et la Mauritanie pour effectuer la confection. Certaines font dans un autre genre d'hypocrisie, prétextant que ce sont les conditions de travail déplorables et dangereuses que subissent les ouvriers du textile bangladais qui les font s'orienter vers d'autres pays. Elles n'avaient pourtant pas été gênées de quitter la Chine pour le Bangladesh, lorsque les ouvriers chinois du textile avaient, par leurs luttes, arraché des augmentations de salaire.

En fait, outre l'instabilité politique du Bangladesh, les firmes occidentales craignent avant tout la combativité des travailleurs bangladais, qui se manifestait dès avant les accidents criminels et ne faiblit pas depuis. Qu'elles se méfient : cette combativité peut rapidement être contagieuse d'un pays à l'autre.

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