PSA - Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs face à la sainte-alliance de la justice, du pouvoir et du patronat.02/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2335.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA - Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs face à la sainte-alliance de la justice, du pouvoir et du patronat.

Vendredi 26 avril, le tribunal de grande instance de Paris, rendant son délibéré concernant les assignations de la CGT et de SUD contre le plan de 11 200 suppressions d'emplois prévu par PSA, a rejeté les demandes des syndicats.

Pour la justice, il n'y a rien de condamnable à supprimer 11 200 emplois, à fermer une usine en jetant à la rue les 3 000 salariés d'Aulnay et les 1 400 de Rennes. Que la direction promette la main sur le coeur de reclasser tous les salariés, alors qu'aucune garantie sérieuse et écrite n'est apportée dans le bien mal nommé « plan de sauvegarde de l'emploi » suffit à la justice. Dans ce plan, il y a tous les procédés bidon qui ont déjà maintes fois démontré leur inutilité dans d'autres fermetures d'usines : aides à la création d'entreprise, argent versé à des organismes chargés de trouver des emplois aux salariés licenciés, congés de conversion qui sont les antichambres de Pôle emploi, etc. Quant aux mutations internes, aucune garantie non plus de maintien des qualifications et du poste n'est prévue.

Que dans le même temps les actionnaires de PSA se soient voté le rachat et l'annulation de 320 millions d'euros d'actions et la distribution de 30 millions d'euros d'actions aux principaux dirigeants ne gêne pas non plus la justice. Comme quoi, la crise de l'automobile ne concerne pas les actionnaires de PSA.

Cette décision du tribunal n'a pas entamé la détermination des grévistes. Ils sont conscients que la grève reste le moyen principal de maintenir la pression contre la direction. Bien que ce ne soit pas sur le terrain juridique qu'ils peuvent gagner, l'assemblée générale des grévistes a néanmoins demandé à la CGT de faire appel.

Mais il n'y a pas que la justice pour soutenir PSA. Le gouvernement ne fait rien d'autre depuis des mois. Il n'a cherché à imposer aucune contrainte au trust et a même multiplié les gestes de soutien financiers, politiques et policiers contre les grévistes. Louis Gallois, nommé par le gouvernement pour siéger au conseil d'administration de PSA, n'a rien trouvé à redire à cet enrichissement direct des actionnaires, alors qu'il se fait l'apôtre des économies sur le dos des travailleurs au nom de la compétitivité des entreprises.

Quant au patron, il poursuit son plan d'attaques. Varin a annoncé dans la presse la volonté de PSA de mettre en place, dès le mois de mai, des accords de compétitivité sur le modèle de ceux imposés aux salariés de Renault, qui comportent des baisses de salaire, un temps de travail augmenté et une mobilité obligatoire. Il ne peut dire de façon plus claire que PSA va chercher à faire payer aux travailleurs l'augmentation des profits et des dividendes pour les actionnaires, non seulement par des licenciements mais par une véritable régression des conditions de travail et de salaire.

Seulement PSA n'en a pas fini avec la combativité des travailleurs. La grève à Aulnay n'est pas terminée. Depuis le 16 janvier, la production ne redémarre toujours pas dans l'usine et la grève continue.

Vendredi 26, les grévistes sont allés rendre visite aux travailleurs de Géodis, un sous-traitant qui fournit les faisceaux pour les voitures montées à Poissy. Cette visite s'est soldée par un arrêt de deux heures de la production à Poissy, à la grande joie des travailleurs y gagnant une pause impromptue.

Lundi 29 avril, la grève reprenait à l'usine et les grévistes organisaient leur troisième paye. La caisse de grève s'élevant à 200 000 euros, ils pouvaient compter sur 1 000 euros par personne. Autant dire qu'ils ont encore les moyens de tenir bon face à la direction.

Même le cinéma organisé autour du CCE, lundi 29 avril, censé permettre le démarrage du plan de la direction, n'a pas entamé la détermination des grévistes. Que la presse et les pouvoirs publics cherchent à aider le patronat à enterrer la grève, en affirmant en boucle qu'il n'est plus possible de revenir en arrière, ne change rien. Ce n'est pas cela qui décide du sort des travailleurs, mais la lutte qui se poursuit.

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