Les « travailleurs détachés » dans l'Union européenne : Surexploitation sans frontières02/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2335.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les « travailleurs détachés » dans l'Union européenne : Surexploitation sans frontières

Le rapport du sénateur PCF Éric Bocquet sur les travailleurs détachés d'un pays à un autre dans l'Union européenne a été publié le 23 avril.

Depuis 1996 les travailleurs sont obligatoirement payés au tarif du pays dans lequel ils travaillent, mais les cotisations sociales restent celles du pays d'où ils viennent. Ainsi, des maçons venant de Pologne ou de Roumanie reviennent 30 % moins cher aux patrons français que des travailleurs cotisant en France. Des officines spécialisées dans le prêt de main-d'oeuvre en font leur publicité auprès des entreprises du bâtiment, du maraîchage, de l'hôtellerie. Les entreprises françaises situées près de la frontière luxembourgeoise ont systématiquement recours aux agences d'intérim de ce pays, où les cotisations sociales sont moindres qu'en France.

Tout cela est parfaitement légal et très peu contrôlé, ce qui permet, comme le démontre le rapport, de frauder extrêmement facilement en passant par une cascade de sous-traitants. Ainsi, Bouygues a employé sur le chantier de l'EPR de Flamanville des travailleurs polonais payés en fait au tarif polonais, dont les heures supplémentaires n'étaient pas décomptées et dont trente-huit accidents de travail n'avaient pas été déclarés. Le rapport est à peu près similaire pour Alstom ou EDF et rapporte que la société Eiffage était parvenue par le même procédé à payer des ouvriers 2,86 euros de l'heure sur un chantier de Clermont-Ferrand.

Le transporteur Norbert Dentressangle avait quant à lui créé une filiale en Pologne ayant pour seul objet de faire baisser les salaires des chauffeurs du groupe. Et on descend ainsi, degré par degré, jusqu'à trouver des travailleurs roumains réduits en semi-esclavage dans des exploitations agricoles de Calabre.

La mise en concurrence des travailleurs, y compris par-delà les frontières, est aussi vieille que le capitalisme. L'Union européenne n'a fait que simplifier là encore la tâche aux patrons. Reste à souhaiter que le flux continu de travailleurs, plusieurs millions concernés dans tout le continent selon le rapport, contribue à créer une conscience commune au prolétariat européen. C'était déjà le but de la Première Internationale, fondée en 1864 ; et cela reste toujours d'actualité.

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