Italie : Un nouveau gouvernement pour la même politique d'austérité02/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2335.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Un nouveau gouvernement pour la même politique d'austérité

Le 28 avril, la crise politique qui en Italie durait depuis deux mois a pris fin avec l'installation du gouvernement d'Enrico Letta. Tout en cherchant à donner une illusion de renouveau et de nouveauté, il s'agit d'abord de la reconduction d'une coalition entre les deux principaux partis, le Parti démocrate (PD), de centre-gauche, et le Peuple de la liberté, le parti de droite de Berlusconi. Après deux mois de tentatives diverses, cela s'est avéré être la seule solution pour trouver une majorité au Sénat et à la Chambre des députés, sans devoir dépendre des voix du parti de l'ex-comique Beppe Grillo.

L'accord s'était déjà concrétisé par la réélection du président de la République, Napolitano, pour un second mandat. Le secrétaire du PD, Bersani, qui avait voulu éviter l'accord avec Berlusconi, a dû démissionner et chacun pronostique maintenant l'éclatement du parti. Mais le résultat est là : au gouvernement Monti succède un gouvernement Letta, appuyé sur les mêmes forces politiques et prêt à continuer à appliquer la politique d'austérité dictée par les marchés financiers.

L'article suivant, écrit après l'installation du gouvernement Letta, est extrait du journal L'Internazionale de nos camarades italiens de l'Union Communiste Internationaliste (UCI).

Alors que se déroulaient les derniers épisodes de la tragi-comédie parlementaire commencée avec les élections des 24 et 25 février, l'Institut italien des statistiques informait que le nombre de chômeurs avait dépassé le record atteint précédemment, en 1999.

Le gouvernement d'Enrico Letta, dont l'installation le 28 avril a été perturbée par les balles d'un Beretta calibre 7,65 tirées par un de ces hommes à qui la crise a ôté toute espérance, a été le couronnement d'une série de conflits et d'intrigues de palais. Ceux-ci ont pratiquement mené à la désagrégation du Parti démocrate, au départ de son secrétaire Bersani, à la réélection à la présidence de la République d'un Giorgio Napolitano quasi nonagénaire et à l'entente au moins momentanée du centre-gauche avec le centre-droit de ce même Berlusconi qu'il dénonçait une minute auparavant.

Le fait de confier quelques ministères à des personnages un peu plus présentables ne change rien sur le fond : on a affaire à un gouvernement dit « de large entente », ou d'union nationale, sur lequel Berlusconi avait insisté dès le début et sur lequel une bonne part de la grande bourgeoisie, à commencer par la Confindustria, la confédération patronale, semble maintenant faire reposer ses espérances.

L'équipe du nouveau gouvernement a voulu donner une impression de dynamisme et de résolution. Letta a mis en évidence les fameux quatre ou cinq points du programme censés résumer ce qu'il est plus urgent de faire et sur lesquels, à en croire la presse, il existerait un large consensus au sein du centre-gauche comme du centre-droit.

Mais, pour qui vit d'un salaire ou d'une retraite de misère, pour qui ne travaille qu'occasionnellement et ne gagne que quelques centaines d'euros, pour qui ne peut même pas trouver la trace d'un emploi, même précaire et sous-payé, autrement dit pour la majeure partie de la population, les choses les plus urgentes sont tout autres...

Il faut faire face à l'abîme de pauvreté dans lequel plongent des fractions de plus en plus grandes de la population. Mais cela implique des coûts, cela impose d'aller chercher les moyens financiers là où ils sont. Cela implique un affrontement entre classes sociales. La survie de millions de personnes ou leur maintien dans des conditions de vie décentes ne peuvent dépendre de la politique économique de tel ou tel gouvernement.

Si ce ne sont pas les travailleurs qui imposent leurs propres exigences, toutes les mesures qui seront présentées comme des soutiens à l'emploi se traduiront en cadeaux au patronat. Bien que toute la presse et tous les partis politiques, celui de Beppe Grillo compris, prétendent le contraire, tout le monde n'est pas dans le même bateau. Le patronat, en tout cas le grand, est sur la terre ferme, et le bateau qui prend l'eau de toutes parts est celui dans lequel se trouvent des travailleurs, des retraités, des chômeurs.

Aucune garantie, aucun pas en avant sur le plan social ne seront possibles sans que, de la part des travailleurs, il y ait une claire prise de conscience de leurs propres intérêts et objectifs. Il faut dissiper le rideau de fumée de l'intérêt national et donner aux choses un nom et une place précis : d'un côté il y a les intérêts de la partie plus riche et privilégiée de la société, les grands patrons, banquiers, rentiers, grands bureaucrates de l'État et « managers », et de l'autre la masse de la population, et en premier lieu les travailleurs salariés. Il est impossible d'être à la fois d'un côté et de l'autre.

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