Chantier naval STX (Saint-Nazaire) : Succès du premier débrayage contre les « accords de compétitivité »02/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2335.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier naval STX (Saint-Nazaire) : Succès du premier débrayage contre les « accords de compétitivité »

Depuis des mois, aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire, c'est la sous-activité qui donne le ton. Le dernier paquebot en construction vient d'être livré tandis que le travail de fabrication sur le prochain en commande ne commencera que début 2014.

En attendant, les ouvriers et techniciens sont répartis sur différents petits projets de plates-formes offshore, pas vraiment calibrés pour être effectués dans des ateliers adaptés à un tout autre travail. Plus d'une centaine d'ouvriers sont au chômage à temps plein, tandis que l'autre moitié chôme ou travaille au gré des besoins du patron. Pour ceux-là, c'est la valse des plannings : certains sont venus le matin, alors qu'on ne leur avait pas dit qu'ils avaient disparu des plannings ; d'autres se sont vus invités à rentrer chez eux au milieu de leur journée de travail sous prétexte qu'un client faisait une visite sur le navire et qu'il ne fallait pas faire de bruit !

Dans certains ateliers, la direction ouvre des samedis, supprime des ponts, dans d'autres services elle fait chômer le jour et met d'astreinte la nuit. Elle met une pression intenable sur certaines équipes, supprime des primes de déplacement pour d'autres. La désorganisation est telle qu'une partie de l'encadrement finit par être démotivé par le manque de moyens, sans compter un bureaucratisme délirant engendré par l'arrivée des nouvelles méthodes de management.

Dans ce contexte, de petites réactions ont eu lieu. Les tuyauteurs ont réclamé une prime de technicité et une augmentation de salaire de 40 euros. Dans un atelier, un débrayage spontané a été organisé à l'occasion d'une tournée des délégués, quand les travailleurs ont appris que l'atelier serait finalement ouvert le 10 mai, ce qui leur ferait sauter un pont.

Depuis quelques mois, la direction prépare les esprits à de graves reculs. Les voeux du directeur avaient été clairs : 2013 serait l'année des discussions avec les organisations syndicales sur le temps de travail et la compétitivité. La négociation sur la compétitivité a donc été ouverte et les premières ébauches sont tombées : suppression des jours de congé liés à ce qui tient lieu de RTT aux Chantiers ; suppression également des congés familiaux ; des primes compensatrices de changements d'horaires ; mise en place de la modulation du temps de travail ; certaines primes revues à la baisse ; le travail en équipes serait abandonné et remplacé par la constitution d'équipes de nuit permanentes ou exceptionnelles. Pour les salariés qui travaillent dans les ateliers, ces mesures, si elles devaient passer, dégraderaient énormément les payes, car les primes représentent parfois presque un tiers du salaire. Pour les employés, les ouvriers travaillant en journée normale, les cadres et les techniciens, la note est aussi salée. Il y en a donc pour tout le monde, dans ce projet d'accord visant à faire baisser la masse salariale.

En tout cas, avec ce projet, le patron a réussi à faire l'unanimité contre lui, comme en témoigne le succès du débrayage organisé jeudi 25 avril par la CGT et FO.

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