Michelin - Clermont-Ferrand : Le « CET négatif » est positif pour les patrons24/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2334.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin - Clermont-Ferrand : Le « CET négatif » est positif pour les patrons

Depuis 2008, Michelin a accentué l'utilisation du chômage partiel pour adapter ses productions aux ventes et diminuer ses stocks. Dès lors, il a essayé d'imposer ce qu'il appelait alors le CET négatif.

Le compte épargne temps négatif est une sorte de crédit. En période de basse activité, les salariés resteront jusqu'à quinze jours chez eux sans perte de salaire ... mais ils devront les rendre les années suivantes, à la demande du patron, sous forme de jours supplémentaires non payés ou de suppressions de jours de repos.

En 2009, le rejet par beaucoup d'ouvriers a empêché Michelin de mettre en place son projet au niveau national. Et cette opposition a été renforcée par l'exemple de l'Espagne, où beaucoup de travailleurs ont cumulé plus de cinquante jours à rendre.

Mais le patron n'a pas renoncé, se faisant même de plus en plus insistant ces derniers mois. Il espérait que les pertes de salaire réelles dans plusieurs usines, suite au chômage partiel, et la crainte de subir le même sort dans les autres sites, feraient changer d'avis les travailleurs. Il a alors tenté de le mettre en place usine par usine, et fin 2012 il a pu l'imposer à l'usine de Golbey dans les Vosges. Mais en novembre, à Bourges, plus de 140 ouvriers sur 180 se sont réunis en assemblée générale et ont arrêté le travail le lendemain. Leur réaction a empêché leur direction de mettre en place cette flexibilité.

Le 11 mars dernier, la CFDT et la CGC signaient finalement un accord cadre définissant les modalités d'application au niveau national de ce CET négatif, rebaptisé depuis « accord permettant de faire face aux baisses d'activité ». Pour être appliqué, il doit être validé dans chaque site. La présentation enjolivée de cet accord dans les ateliers n'a pas trompé grand monde. Les travailleurs, qui ont vu les calendriers annuels fluctuer de plus en plus au gré des ventes, ne veulent toujours pas devoir des jours au patron pour les prochaines années.

Michelin recherche la caution de certains syndicats pour faire appliquer son accord dans chaque usine. Même s'il a eu satisfaction à Vannes, cela n'a pas été sans opposition. À Cholet, une pétition très largement majoritaire dans les ateliers a permis de faire barrage à l'application. À Clermont-Ferrand, la CFDT et la CGC semblent prêtes à valider la mise en place de cette flexibilité supplémentaire. Dans un article récent du journal La Montagne, un dirigeant de la CFDT s'est fait le valet de la direction en affirmant : « Nos usines sont en sous-activité et on se dirige tout droit vers le chômage technique. Cet accord doit nous permettre de limiter la casse. » Il a osé ajouter : « Au vu des difficultés que connaît l'entreprise, (...) nous montrons que nous faisons des efforts. » Quelles difficultés économiques ? Le groupe Michelin a fait en 2012 un bénéfice record pour la troisième année consécutive !

Ce CET négatif n'a pour but ni de sauver les emplois, ni de protéger les salariés. Il va dans le même sens que la loi sur la « compétitivité au travail » et vise à préserver les profits patronaux, en renforçant l'exploitation des travailleurs.

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