Mélenchon : Des ambitions étrangères aux intérêts des travailleurs24/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2334.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mélenchon : Des ambitions étrangères aux intérêts des travailleurs

À quelques jours de la manifestation qu'il a décidée de son propre chef, le 5 mai prochain, Jean-Luc Mélenchon a rappelé à qui voulait l'entendre, mais surtout à François Hollande, qu'il postulait toujours au fauteuil de Premier ministre. Le leader du Parti de gauche est trop fin politicien - plus de trente ans de vie politique au sein du PS, ça donne du métier - pour que sa déclaration devant les micros et les caméras ait été improvisée.

Cela ne signifie pas qu'il s'attend, au lendemain de cette manifestation, à être appelé à Matignon. Mais il signale opportunément qu'il est bien là. L'avertissement s'adresse à ses éventuels rivaux postulant à cette fonction ministérielle, mais aussi à ceux qu'il veut entraîner derrière lui. Ces derniers sont avertis qu'ils manifesteront pour aider Mélenchon à entrer au gouvernement, pour y siéger à sa tête. À condition toutefois que le président qu'il a contribué à mettre en place y consente.

Devenir ministre, et même Premier ministre, et siéger à Matignon, mais pour quoi y faire ? D'habitude fort loquace, Mélenchon n'est guère prolixe sur le sujet. Pourtant ce n'est pas le temps d'antenne qui lui manque pour s'expliquer. Il s'est borné à dire que, s'il se trouvait à la tête du gouvernement, ou à la rigueur s'il devenait ministre de Montebourg, comme il l'a évoqué récemment, cela signifierait un changement de cap.

Mais pour quel cap ? Et surtout pour quel cap en faveur du monde du travail ? La référence à Montebourg est à cet égard significative, mais guère rassurante, si l'on se réfère au triste bilan de l'actuel ministre du Redressement productif.

Autre question qui vient en complément de la précédente : en supposant que Mélenchon Premier ministre prenne d'un coup, par surprise, des décisions correspondant aux intérêts essentiels de la classe ouvrière et des classes populaires, comment arriverait-il à les imposer ? Il faudrait les faire accepter au Parlement, mais surtout à la bourgeoisie et à tous ceux qui les défendent, à commencer par ce que l'on appelle l'appareil d'État, rempart protégeant ses intérêts ? Le fera-t-il par la magie du suffrage ? Par un changement d'étiquette sur la Constitution, en passant de la cinquième à la sixième République ? Sans remonter très loin, en 1981 le premier gouvernement de Mitterrand promettait des changements bien plus spectaculaires que ce que propose, ou plutôt ne propose même pas Mélenchon. Mais il n'a pas fallu bien longtemps pour qu'on arrive à l'application d'une politique d'austérité.

Le chant des travailleurs, l'Internationale, que l'on entendra chanter une nouvelle fois dans les manifestations ouvrières du 1er mai, dans la plupart des pays de la planète, proclame : « Il n'est pas de sauveur suprême, ni dieu ni César ni tribun. » Il faudrait y ajouter. aujourd'hui : ni Mélenchon !

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