Usines dangereuses : Le risque vient des patrons17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Usines dangereuses : Le risque vient des patrons

Début février, une fuite de mercaptan dans une usine chimique de Rouen avait empesté jusqu'au sud de l'Angleterre et fait annuler un match de Coupe de France. Jeudi 11 avril, deux mois et demi après, la ministre de l'Écologie Delphine Batho en tire les conclusions et annonce des mesures. Désormais, en cas d'accident de ce type dans une usine, l'État interviendra plus vite au moyen d'une « force d'intervention rapide » mobilisable 24 heures sur 24, pour évaluer le danger et coordonner les moyens publics et privés.

Face aux patrons, l'État a montré son peu de réactivité et de moyens. Concernant la mesure du danger, la ministre regrette : « Les services de l'État ont été dépendants de ce que nous disait l'industriel. » Il y a en France près de 500 000 usines, dont 616 très dangereuses pour leur environnement, classées Seveso, souvent situées en pleine zone d'habitations, comme l'usine AZF de Toulouse dont l'explosion en 2001 avait fait 32 morts. Pour les contrôler, vérifier l'application des lois, des consignes de sécurité, des arrêtés ministériels et préfectoraux, il n'y a que 1 250 inspecteurs. Chacun est donc censé contrôler en moyenne 400 usines, dont une ou deux très dangereuses. En fait, en refusant d'y mettre les moyens, l'État renonce à contrôler les industriels.

À part la « force d'intervention rapide » dont on ne sait ce qu'elle sera, et qui de toute façon n'interviendrait qu'après coup, la mesure la plus concrète annoncée par la ministre est un courrier aux industriels leur enjoignant de « respecter leurs obligations ». Elle dénonce « certains exploitants récalcitrants qui font traîner les procédures. Ils doivent assumer leurs responsabilités. » Depuis dix ans, il y a eu 22 500 accidents sur des installations classées, qui ont fait 458 morts. Des plans de prévention des risques technologiques avaient été décidés à la suite de l'accident d'AZF par la loi Bachelot. Sur 407 plans, dix ans après, 208 seulement ont été approuvés, du fait de la mauvaise volonté des industriels et de la complexité des problèmes, dit Delphine Batho.

En résumé, la ministre constate et l'État ne peut rien face à la mauvaise volonté patronale. Mais s'il ne peut rien c'est parce qu'il est en fait au service de ces mêmes industriels, que le gouvernement soit de gauche, comme celui où siège Delphine Batho, ou de droite, comme celui où siégeait Roselyne Bachelot.

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