Industrie pharmaceutique : Ces laboratoires qui s'engraissent sur la peau des pauvres17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Industrie pharmaceutique : Ces laboratoires qui s'engraissent sur la peau des pauvres

Avant sa commercialisation, un médicament doit être testé. C'est le rôle des essais cliniques. Les essais dits de phase 1 ont pour objectif de dépister d'éventuels effets secondaires ; ils sont réalisés sur un nombre limité de volontaires sains, qui sont rémunérés. Quant à ceux dits de phase 2, ils mesurent l'efficacité et la tolérance et sont donc conduits sur des malades. Ces essais, comme il est normal, sont encadrés par un certain nombre de règles médicales et administratives. Par des règles éthiques aussi. Entre autres, les participants doivent être informés sur les risques encourus, et leur « consentement éclairé » est exigé.

Cela a un coût car les essais se déroulent sous surveillance médicale ou hospitalière, requièrent des analyses, des bilans sanguins, des contrôles, une étude statistique des résultats, bref beaucoup de monde et de matériel. En conséquence, les industriels du médicament, qui ont pour seule boussole le « retour sur investissement » partent en chasse pour dépenser moins, et ils trouvent. Ils trouvent même pour infiniment moins cher, et sans véritable contrôle, dans des pays des pauvres qui leur servent de cobayes pour l'équivalent de quelques euros ou dizaines d'euros.

Le magazine Envoyé spécial du 21 mars sur France 2 a montré un aspect de ce marché immonde en Inde, à Ahmedabad. On y voit un médecin qui propose à une femme un médicament pour sa mère atteinte d'un cancer. Il réalise donc un essai clinique sans même voir la malade et avec pour seul argument la gratuité du traitement ! Dans un bidonville, une femme dit avoir testé des dizaines de médicaments et en faire son « travail ». Pour le dernier essai, elle a séjourné trois jours à l'hôpital pour prendre les comprimés et a été payée l'équivalent de 170 euros. C'est beaucoup moins cher qu'en France mais un très bon salaire en Inde. Quant à son « consentement éclairé », il réside en un papier, certes signé de sa main, mais dont elle ne peut dire le contenu faute de pouvoir le lire !

On voit aussi un rabatteur chargé de recruter des volontaires dans les bidonvilles et payé sept euros pour chaque recrue par les quinze centres d'essais cliniques pour lesquels il travaille. En effet, la ville d'Ahmedabad s'est fait une spécialité des essais cliniques à bas prix. Car c'est là-bas que des laboratoires vont faire tester l'efficacité et la tolérance des médicaments qu'ils mettront sur le marché demain, parfois au prix de la vie de leur « cobaye », comme l'émission de France 2 le montrait.

Les clients de ces centres d'essais cliniques, les commanditaires de ces essais infâmes sont les Pfizer, Bayer, Sanofi, etc., des laboratoires dont les bénéfices se comptent chaque année en milliards d'euros ou de dollars. Ils y font tester sur la peau des pauvres les médicaments qui, demain, quand les autorités administratives auront accepté leur commercialisation, ne seront accessibles qu'à ceux qui pourront les payer. Certainement pas aux habitants des bidonvilles.

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