Hôtels sociaux dangereux : Le résultat de la politique gouvernementale17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôtels sociaux dangereux : Le résultat de la politique gouvernementale

Huit ans après l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra qui, le 15 avril 2005, avait fait 24 victimes, dont la moitié étaient des enfants, la justice vient enfin de prononcer le renvoi de quatre personnes devant le tribunal correctionnel : les gérants de l'hôtel et un couple, dont la dispute est à l'origine de cet incendie accidentel. Pour l'association des victimes, c'est déjà un premier pas. Mais elle déplore que les principaux responsables, les autorités de l'État à tous les niveaux, ne soient pas mis en cause.

Effectivement, c'est avant tout le manque criant de logements sociaux qui conduit à de tels drames. Ces hôtels sont le dernier recours avant la rue pour toute une partie de la population pauvre, placée là en urgence par les services sociaux ou des associations comme Emmaüs, dans l'attente d'un vrai logement qui n'arrive que trop rarement. Les services publics sont parfaitement au courant qu'un certain nombre d'entre eux sont dans un tel état de délabrement, notamment en ce qui concerne la sécurité incendie, qu'ils peuvent à tout moment devenir des pièges mortels.

À Paris, il y a 650 hôtels sociaux, offrant 18 000 chambres, et 780 en tout pour 23 000 chambres si l'on ajoute les hôtels de tourisme acceptant les hébergements temporaires. Actuellement, 31 font l'objet d'arrêtés d'interdiction d'y habiter parce qu'ils ne respectent pas les normes de sécurité incendie, quelques-uns même sont inconnus des pompiers, qui n'en ont pas les plans. Et combien d'autres sont insalubres ou en état de surpopulation, freinant de ce fait toute évacuation d'urgence ? Car ces marchands de sommeil, qui font payer aux services sociaux de la mairie quinze à vingt euros par jour par personne logée, n'ont aucun scrupule à entasser des familles dans une chambre, qui peut ainsi leur rapporter plus de deux mille euros par mois.

Construire des logements sociaux reviendrait à terme moins cher que de verser en pure perte des rentes aux marchands de sommeil. Mais c'est un choix qu'aucun gouvernement ne veut faire, ces hôtels étant majoritairement occupés par des travailleurs étrangers sans papiers, des retraités à faible revenus, des femmes seules avec enfants. Et, de façon générale, l'État est au service des possédants et n'a que mépris pour la population pauvre.

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