Évasion fiscale : L'État dépouillé à l'insu de son plein gré ?17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Évasion fiscale : L'État dépouillé à l'insu de son plein gré ?

Dans la foulée de l'affaire Cahuzac, le président de la République, ses ministres, toute la classe politique accompagnée des médias ont repris en choeur le refrain sur les méfaits de la fraude fiscale et des paradis fiscaux. 60 milliards de manque à gagner chaque année pour les caisses de l'État en France : tel est le bilan estimé. L'affaire est maintenant devenue européenne. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, vient d'exprimer sa colère en déclarant : « Mille milliards d'évasion fiscale par an en Europe, ça suffit ! »

Et ce devrait être le sujet du prochain sommet européen en mai.

Bien évidemment, le gouvernement et l'État français, comme les différents autres États en Europe, se déclarent impuissants. Ils s'en remettent donc à l'Union européenne qui, avec sa célérité habituelle, va certainement éditer un énième rapport et des directives comme toujours sans effet.

Il s'agit cependant d'une escroquerie. Si l'État est la pauvre victime de fraudeurs qui détournent de ses caisses l'argent nécessaire à satisfaire les besoins de la population, c'est une victime consentante. « L'État républicain » et son gouvernement, quelle que soit sa couleur, son administration fiscale, ses lois, sa justice, sa police et son armée n'ont jamais été mis sur pied pour défendre l'intérêt général, et surtout pas celui des classes populaires. Tout cet appareil est là pour servir la bourgeoisie, et d'abord les plus riches de ses membres.

L'État est un soutien direct et massif des banques, industriels et autres capitalistes. Hollande, Ayrault et Moscovici se plaignent des 60 milliards qui manquent dans les caisses de l'État chaque année. Mais c'est ce même État qui chaque année distribue, selon la Cour des comptes, quelque 170 milliards d'euros aux entreprises, sous forme d'aides directes, d'allégements fiscaux ou d'exonérations de cotisations sociales. Et cela ne comprend pas ce qui dans la loi, depuis des lustres, permet aux bourgeois et aux entreprises d'échapper à l'impôt. Et cela ne comprend pas non plus tous les marchés dont ils bénéficient dans le domaine du BTP, des services ou de la santé, et qui sont payés au prix fort par l'État, les collectivités locales ou les hôpitaux, ni tout ce que l'État paie aux banques.

Dans cette période de crise de l'économie capitaliste, le pillage des caisses de l'État et de la population, par l'intermédiaire, de l'État, est devenu encore plus essentiel pour les profits et la fortune des capitalistes. Si par le plus grand des hasards le gouvernement et l'État récupéraient ces fameux 60 milliards d'évasion fiscale après lesquels ils pleurent, ils s'empresseraient de les distribuer aux bourgeois, qui en réclament toujours plus encore aujourd'hui... peut-être même sous forme de réductions d'impôts.

C'est dire que ceux qui promettent de remettre l'État au service de la population dans une « république propre » sont des charlatans qui cherchent à tromper le monde du travail. Cet État de la bourgeoisie est par nature corrompu jusqu'à la moelle et n'est pas réformable. Les travailleurs ne peuvent rien en espérer et la seule chose utile à faire serait de l'abattre, pour réorganiser la société en fonction des intérêts de tous.

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