Encouragée par les reculs du gouvernement, la droite se radicalise17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Encouragée par les reculs du gouvernement, la droite se radicalise

Depuis des mois, la droite s'en donne à coeur joie sur le mariage pour tous, ou plutôt contre cette loi à venir dont le cardinal Vingt-Trois, porte-parole d'une Église arc-boutée dans la défense de la « loi divine », prétend qu'elle prépare une « société de violence ».

La violence, elle se trouve pourtant dans les cortèges des amis de l'UMP et de l'Église, où parade l'extrême droite. S'y sentant comme des poissons dans l'eau, ses gros bras y font le coup de poing contre la police, crient leur haine de la « loi Taubira » - la couleur de peau de la ministre de la Justice ajoutant à leur fureur - voire, comme à Nantes, traquent une journaliste connue pour défendre le mariage pour tous.

La droite parlementaire, qui ne veut pas laisser au Front national le monopole de la défense des préjugés les plus crasses, en rajoute dans la surenchère.

Par la voix du député Laurent Wauquier, elle a déjà dénoncé un « coup de force » du gouvernement quand le Sénat a ratifié la loi. Et elle ne relâche pas la pression : d'autres manifestations ont été programmées, dont une le 5 mai, et bien sûr une le 26 mai, pour la fête des Mères : Pétain, qui en fut l'instaurateur, serait ravi...

Le patron de l'UMP, Copé, a mis en garde le gouvernement contre « un coup de force parlementaire », lui demandant « d'entendre la colère des Français, de suspendre la discussion sur le texte du mariage pour tous et de ne s'occuper que d'une seule chose : la lutte contre le chômage, qui est aujourd'hui la préoccupation majeure des Français ».

Invoquer la lutte contre le chômage, cela s'appelle avoir un sacré culot quand on dirige l'UMP et qu'il y a à peine un an un gouvernement et un président UMP menaient la charge contre le niveau de vie des classes populaires.

Seulement voilà, il y a également un an, le PS et son candidat à la présidentielle promettaient, eux, « le changement maintenant ». En fait de changement, ceux des électeurs populaires qui avaient voté pour Hollande et le PS n'ont pas eu à attendre pour constater que la nouvelle majorité ne tenait pas même ses plus timides promesses en matière d'emplois, de salaires, de retraites, etc. Pire : c'est elle qui mène maintenant l'attaque contre la classe ouvrière.

Le PS a ainsi ouvert un boulevard à la droite à l'extrême droite et à leur démagogie réactionnaire. La droite saisi l'occasion du vote de la loi sur le « mariage pour tous ». Mais un autre prétexte aurait tout aussi bien pu faire l'affaire : l'automne dernier, l'UMP, aiguillonnée par le Front national, avait cherché à rameuter contre le droit de vote aux élections locales pour les ressortissants d'États non membres de l'Union européenne.

Dans ce système où, dès qu'un parti bourgeois s'est usé au pouvoir, un autre le remplace et mène fondamentalement la même politique au service des possédants, la moindre occasion peut servir pour tenter de récupérer le mécontentement, si c'est sur un terrain qui ne menace en rien les intérêts de la bourgeoisie. Cela fait partie de ce que certains appellent le « jeu démocratique » et qui est un jeu de dupes. Dans toute cette affaire, les intérêts des exploités ne sont défendus par personne, au contraire. C'est en eux-mêmes qu'ils devront trouver la force et la volonté d'opposer la défense de leurs propres intérêts de classe, de leur propre politique, aux tenants de l'ordre établi.

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