Taxation à 75 % des hauts revenus : Plus on en parle, moins on la voit03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxation à 75 % des hauts revenus : Plus on en parle, moins on la voit

Le Conseil constitutionnel avait rejeté la taxation à 75 % des revenus au-delà d'un million d'euros. Hollande a annoncé qu'il la maintenait, mais qu'elle serait payée par l'entreprise. Il lui est d'autant plus facile d'affecter la fermeté sur le sujet que cette taxe n'est qu'un alibi pour faire croire que le gouvernement socialiste répartit équitablement les sacrifices et n'hésite pas à s'en prendre aux plus fortunés.

François Hollande avait lancé cette promesse au beau milieu de sa campagne électorale de 2012, histoire d'apparaître un peu plus à gauche aux yeux de l'électorat. Elle pouvait alors résonner comme une promesse de « faire payer les riches », si l'on se dispensait d'y regarder de plus près. On voit bien aujourd'hui que sa réalisation ne les gênera en rien.

Un millier de personnes seulement devraient être concernées, essentiellement les dirigeants de grandes entreprises, pour deux ans seulement et uniquement sur la partie de leurs revenus dépassant le million d'euro. Les salaires de ces gens-là sont en soi un scandale, comme celui du PDG de Total, dont les revenus atteignent 4,91 millions d'euros par an. C'est le prix auquel les actionnaires, qui gagnent beaucoup plus encore, sont prêts à rémunérer des hommes et des femmes dont le principal mérite est d'être prêts à tout pour leur faire gagner toujours davantage, comme de fermer des usines sans états d'âme. Leur faire payer un tout petit peu plus d'impôt ne les empêchera pas de nuire et ne changera en rien le sort des travailleurs.

Pour les entreprises qui devront payer, ce sera infime. Même si Total paye 75 % sur la partie dépassant le million d'euros du salaire de son PDG, cela ne fera encore que 0,02 % de son bénéfice de douze milliards et demi. Il n'est d'ailleurs même pas certain que ces sommes entrent finalement dans les caisses de l'État. Les fiscalistes des grands groupes sont déjà mobilisés pour leur permettre de tourner la loi comme ils le font pour tous leurs impôts, et ils pourraient faire rémunérer leurs dirigeants par des filiales installées à l'étranger.

Au bout du compte, cette mesure se résume à une partie d'esbroufe destinée à faire croire que l'impôt va peser lourdement sur les plus riches, alors qu'il ne fait que les effleurer, et encore pas les plus fortunés. Les travailleurs, eux, doivent payer de plus en plus en se privant de ce qui leur est nécessaire. Ce sont bien les seuls que le gouvernement socialiste pressure pour alimenter les caisses de l'État.

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