La Poste hors-la-loi03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste hors-la-loi

Une factrice de l'Ariège vient de faire condamner La Poste pour l'avoir employée pendant vingt-deux ans sous contrats précaires. Elle a ainsi cumulé 370 contrats à durée déterminée (CDD). La Poste a dû lui verser 60 000 euros d'indemnités, requalifier son contrat en contrat à durée indéterminée (CDI) à temps plein et régulariser ses cotisations sociales.

Ce n'est que le plus récent des jugements rendus contre La Poste pour des cas semblables, car jusqu'en 2003 elle a utilisé ce type de contrat précaire sans le moindre souci de respecter le code du travail, et en faisant comprendre aux factrices et aux facteurs concernés que s'ils se plaignaient ils risquaient simplement de perdre leur emploi.

Aujourd'hui, La Poste affirme que depuis 2004 ces pratiques appartiennent au passé. Cela reste à prouver. Vu les multiples condamnations dont elle a fait l'objet, elle hésite certes à signer des dizaines de contrats à durée déterminée s'enchaînant sans interruption, comme elle le faisait auparavant. Mais cela veut simplement dire qu'après deux contrats elle respecte un délai, qui lui permet de repartir à zéro avec le même salarié. Cela ne signifie pas moins de précarité, mais surtout moins d'argent sur la paye annuelle. Alors que La Poste supprime partout des emplois et ferme des bureaux, les postiers en CDD représentent avant tout pour elle une main-d'oeuvre dont on peut se séparer facilement. Mais dans les faits, leur fin de contrat signifie tout simplement pour eux un licenciement.

Ce qui n'appartient pas non plus au passé, c'est l'acharnement de La Poste à ne respecter ni lois ni jugements. Il a fallu trois ans de procédures à cette postière pour obtenir satisfaction. Elle témoigne que beaucoup de ses collègues ont travaillé comme elle en CDD à répétition, mais hésitent à se lancer dans ce marathon juridique. C'est sur cela que compte La Poste qui, dans tous les domaines, bafoue la loi. Primes non payées, emploi d'intérimaires pour remplacer des grévistes, non-respect des procédures légales à suivre en cas de modification des horaires de travail, on ne compte plus les décisions de justice qui l'ont condamnée et qu'elle continue superbement d'ignorer.

Mais cela ne l'empêche pas, lorsqu'une grève éclate, d'envoyer des huissiers pour intimider les grévistes et de menacer ceux-ci des foudres de la loi.

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