Kem One mis en redressement judiciaire : Des milliers d'emplois menacés dans la chimie03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Kem One mis en redressement judiciaire : Des milliers d'emplois menacés dans la chimie

Les salariés de Kem One s'y attendaient. Leurs craintes étaient justifiées : mercredi 27 mars, le tribunal de commerce de Lyon a placé l'entreprise en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois. « L'administration entière de l'entreprise » est confiée à un administrateur judiciaire.

D'autre part, deux experts ont été désignés pour étudier les flux financiers de l'entreprise. Il s'agit en effet de comprendre comment, donnée pour un euro par Arkema à Klesch, toutes dettes payées et avec 100 millions d'euros de trésorerie, celle-ci se retrouve huit mois après en faillite, avec d'énormes dettes chez ses fournisseurs.

Les salariés du pôle vinylique d'Arkema avaient tenté vainement d'empêcher sa cession au groupe Klesch, bien connu pour racheter des entreprises dans lesquelles il licencie, ou même qu'il ferme, après en avoir tiré le maximum d'argent. Ses comptes à Jersey et Malte, eux, ne sont pas en faillite.

Arkema a opéré cette cession en toute connaissance de cause, mais aussi en sachant que la production de PVC est une activité cyclique, qui ne se porte pas très bien en ce moment, tout en étant en moyenne rentable. Elle était supportable pour un grand groupe chimique comme Arkema ou Total, qui peut compenser les périodes creuses par ses bénéfices dans d'autres productions, mais plus difficilement pour une entreprise de monoproduction.

Le pôle vinylique d'Arkema, devenu Kem One, compte 2 600 salariés, dont 1 300 dans les cinq usines produisant le PVC, toutes situées dans la région lyonnaise et dans le sud du pays. Klesch veut conserver le reste du groupe, qui n'est pas mis en redressement judiciaire, ce qui est un non-sens pour les salariés, l'ensemble faisant un tout indissociable. Quelle manoeuvre financière cela cache-t-il ? Les experts nommés par le tribunal n'ont plus qu'à détricoter les montages financiers opérés depuis des mois.

Les travailleurs de Kem One ne sont pas les seuls à être inquiets, car d'autres usines chimiques en dépendent. Kem One consomme en particulier 400 000 tonnes d'éthylène par an, dont 300 000 fournies par Total. Sa fermeture pourrait entraîner celle d'une raffinerie : La Mède ou Feyzin. Il y aurait des conséquences pour Solvay-Rhodia, qui achète 40 % de l'éthylène de Feyzin, et Michelin, gros consommateur de butadiène fourni par les mêmes raffineries. Les produits, actuellement transportés par pipe-lines, coûteraient beaucoup plus cher s'il fallait les acheter ailleurs.

Ce sont donc en fait des milliers d'emplois qui sont directement menacés dans la chimie et aussi chez ses très nombreux sous-traitants.

Arnaud Montebourg, interpellé lundi 25 mars lors de sa venue à Lyon, s'est dit « surpris » d'une faillite aussi rapide et « extrêmement préoccupé par le dossier Kem One », comme il l'est par les dossiers Petroplus, ArcelorMittal, PSA et bien d'autres, avec les résultats que l'on sait. Ce n'est pas sur lui que les travailleurs devront compter pour garder leur emploi.

Un peu rassurés par le délai de six mois, mais très inquiets pour l'avenir, les travailleurs restent mobilisés. Il s'agit de demander des comptes à Gary Klesch, bien sûr, mais aussi à Arkema, qu'ils rendent entièrement responsable de la situation et dont ils pensent que c'est à lui de reprendre son pôle vinylique.

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