Dominique Wailly, notre camarade03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Dominique Wailly, notre camarade

Notre camarade Dominique Wailly est décédé à l'âge de 60 ans, après une bataille de trois années contre le cancer.

Il avait choisi de lutter contre le capitalisme depuis qu'il était lycéen. Deux ans après 1968, par ses lectures et l'étude de l'histoire, il s'était convaincu des idées communistes et avait choisi de militer en tant qu'ouvrier.

Après son diplôme d'ajusteur-outilleur, il fut embauché en 1974 à Massey-Fergusson, une grande usine de la banlieue de Lille, avec une forte implantation de la CGT et du Parti communiste. Il fut exclu de ce syndicat dès qu'il parla et organisa quelques travailleurs pour un comité de grève. Il continua à militer syndicalement à FO.

Quand les patrons décidèrent la fermeture de l'entreprise, la gauche était revenue au gouvernement avec Mitterrand et Mauroy. Dominique ne se faisait bien sûr aucune illusion sur le soutien qu'apporterait le gouvernement aux ouvriers en lutte contre la fermeture, contrairement à de nombreux travailleurs, y compris cégétistes. La lutte isolée des travailleurs de Massey ne put empêcher la fermeture de l'entreprise. Des années plus tard, ces militants CGT et PCF renouèrent des liens fraternels avec Dominique, reconnaissant leurs illusions de l'époque.

Après Massey, pour Dominique comme pour beaucoup, commencèrent des années d'intérim ou de sous-traitance, de travail précaire et souvent dur. Dans plusieurs de ces entreprises, il put regrouper des travailleurs, leur faire partager les idées communistes et contribuer ainsi à créer des bulletins politiques : au peignage Amédée à Roubaix, à la Française de mécanique près de Lens, à Renault Douai, à la Cristallerie d'Arques... Dominique savait reconnaître et apprécier ceux avec qui il travaillait et se faire apprécier. Il savait parler et aussi écouter.

En 1991, lors de la création de cette entreprise, il entra à Aluminium Dunkerque et y créa la CGT. Pendant plus de vingt ans, il fut apprécié par ses camarades, pour ses idées syndicales et politiques et aussi ses capacités d'organisation. Il y eut notamment la grève de 35 jours en 2000 contre l'imposition des mesures négatives de la loi sur les 35 heures, qui fut une grève victorieuse ! Et il y en eut d'autres, sur les salaires notamment. S'il reste dans cette entreprise des traditions de lutte et d'organisation, il y aura beaucoup contribué.

En tant que militant CGT, à l'UL, l'UD et la Fédé Chimie, et sans sectarisme vis-à-vis des autres syndicats, il joua un rôle dans beaucoup d'autres entreprises, notamment autour de Calais et Dunkerque. Il aida à former des syndicats, à conduire démocratiquement des grèves, à lever les illusions, donna des idées pour déjouer les pièges. Le corporatisme lui était étranger et le nationalisme était son ennemi. Les défaites et les reculs ne l'ont pas démoralisé. Il savait comment ramener les travailleurs et les militants à la réalité et expliquer ce qui était possible et ce qui ne l'était pas.

Dominique nous manquera, parce qu'il était chaleureux, drôle et humainement attachant. Le militant nous manque parce qu'il avait accumulé une expérience précieuse, l'expérience que l'on ne peut acquérir que par la lutte quotidienne et qui donne la fierté d'être un ouvrier communiste.

Jusqu'aux derniers moments, il s'est préoccupé du conflit actuel à Aluminium Dunkerque. Il voulait transmettre encore. Mais la maladie l'a rattrapé, comme pour beaucoup trop d'ouvriers qui ne vivent même pas leur retraite.

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