Retraites, austérité Hollande ou Sarkozy, c'est du pareil au même21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retraites, austérité Hollande ou Sarkozy, c'est du pareil au même

Le gouvernement Hollande-Ayrault prépare une nouvelle réforme des retraites qui va aggraver celle imposée en 2010 par Sarkozy. Rien n'est encore officiel mais il s'apprête à allonger la durée de cotisation ou à augmenter les cotisations des salariés ou à reporter l'âge de départ à la retraite. Et comme il ne veut pas aller chercher l'argent dans les coffres-forts de la bourgeoisie, il pourrait bien faire les trois à la fois.

Cette réforme pourrait aussi attaquer le niveau de vie des retraités. Depuis que le patronat et quelques syndicats se sont mis d'accord pour que les retraites complémentaires n'augmentent plus au même rythme que l'inflation, imposant ainsi une baisse du pouvoir d'achat des retraités, la chose n'est plus taboue. Le gouvernement pourrait s'appuyer sur ce précédent pour imposer la même chose aux pensions de base.

Le temps où le PS manifestait contre les reculs imposés par la droite et contre la retraite à 62 ans est révolu ! Les promesses de Hollande de revenir sur cette réforme sont bel et bien enterrées ! Le gouvernement a fait quelques gestes envers ceux qui ont eu une activité professionnelle longue ou pénible, c'est-à-dire envers une minorité. Mais ce n'était que pour mieux faire reculer l'immense majorité des retraités.

Comme Sarkozy en son temps, Hollande parle de « choix courageux », d'« efforts partagés ». Ce sont, mot pour mot, les mêmes mensonges, les mêmes poncifs selon lesquels « puisque l'on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps », « les actifs étant de moins en moins nombreux par rapport aux retraités, le système est intenable »...

Comme Sarkozy, Hollande prétend « sauver le régime de retraite », mais il le démolit. Tous ceux qui nous expliquent qu'il faut travailler jusqu'à 63, 64, voire 67 ans ou cotiser quarante-deux, quarante-trois ans, savent que c'est inaccessible au plus grand nombre.

C'est impossible pour la quasi-totalité des femmes, contraintes de s'arrêter pour élever leurs enfants ou forcées d'enchaîner des contrats précaires. C'est impossible pour les travailleurs cassés par le travail bien avant l'âge de la retraite.

Les réformes des retraites qui se succèdent depuis plus de vingt ans n'ont pas eu pour but de sauver le système de retraite, elles n'ont fait que baisser le montant des pensions et diminuer les droits de chaque travailleur à la retraite.

On n'a pas fini d'entendre parler du « gouffre des retraites ». Mais 20 milliards de déficit de la caisse de retraite prévu en 2020, c'est autant que les 20 milliards que le gouvernement offre en cadeau, chaque année, au patronat au nom de la compétitivité. Et à l'entendre cela ne pose pas de problème.

Alors, la question n'est pas le montant des déficits, mais de choisir à quoi l'on donne la priorité : aux affaires de la bourgeoisie ou à la vie des travailleurs ? Aux profits des entreprises ou à l'emploi, aux salaires et aux retraites ?

Plutôt que de forcer les salariés à travailler jusqu'à 65 ou 67 ans, il faudrait embaucher les chômeurs. Peut-on accepter que les anciens s'usent la santé sur les chaînes de montage ou sur les chantiers alors que leurs enfants sont condamnés au chômage ? Il n'y a pas de société plus aberrante et plus stupide que celle-ci !

Il y a dix mois, la majorité des travailleurs a voté pour Hollande pensant que « cela ne pouvait pas être pire qu'avec Sarkozy ». Eh bien si, c'est pire ! Cela ne tient pas à la personnalité de Hollande, mais à la crise qui se poursuit et qui rend le patronat de plus en plus agressif contre les travailleurs.

Le patronat, surtout le grand, veut profiter de la pression du chômage pour revenir sur les conditions de travail, sur les salaires, sur la durée de travail, sur les effectifs. Au nom de la compétitivité, il ne veut plus payer pour les caisses du chômage, de l'assurance-maladie ou des retraites.

Il exige rabais sur rabais, exonération sur exonération, et le gouvernement s'exécute. Que ce soit sur les retraites, sur la TVA, sur la compétitivité, sur l'austérité, Hollande a repris et applique le programme de la droite et du patronat.

Les dirigeants socialistes veulent démontrer à la bourgeoisie que, pour faire avaler des couleuvres aux travailleurs, rien ne vaut un gouvernement « de gauche ». Eh bien, la couleuvre est loin d'être avalée ! Ce n'est pas parce que le gouvernement se dit de gauche que les travailleurs sont prêts à tout accepter.

Oui, Hollande finira par soulever la colère des travailleurs, comme Sarkozy avait fini par la soulever lors de sa réforme des retraites ! Et cette fois, il faudra créer le rapport de forces pour faire reculer le grand patronat et le gouvernement.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 mars

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