Racisme ordinaire : Valls en remet une couche21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Racisme ordinaire : Valls en remet une couche

Pour soigner son image d'homme à poigne, Manuel Valls, qui estime sans doute qu'on ne parle pas assez de lui, multiplie les petites phrases xénophobes. Dans un entretien au Figaro, il a affirmé que « les occupants des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution ».

La plupart des ressortissants roumains ou bulgares qu'on appelle les Roms sont depuis des décennies persécutés dans leur pays d'origine. Sédentarisés depuis longtemps, beaucoup ont émigré, poussés par la misère et le racisme de leurs concitoyens. Valls ne peut ignorer cela, mais en insinuant que ce sont des nomades incapables de s'intégrer, il caresse dans le sens du poil les préjugés réactionnaires.

Il dénigre les villages d'insertion initiés par plusieurs villes et prétend qu'ils ne peuvent être une solution que pour quelques-unes d'entre elles. Il est vrai que peu de villes en ont réalisé, parce que cela a un coût, mais aussi parce qu'il faut aller à l'encontre des préjugés des riverains de ces villages « d'insertion ». À Montreuil, comme à Saint-Denis, une fraction de la population s'est opposée à leur installation.

Contrairement à ce que prétend Valls, les Roms se bousculent pour accéder à un logement plus confortable, même quand il s'agit d'un baraquement de chantier ! Certes, des communautés craignent d'être séparées parce qu'elles ont pris l'habitude de faire front ensemble contre la misère, l'adversité et contre les autorités qui les expulsent sans cesse.

Les associations qui luttent pour l'intégration des Roms savent qu'il faut gagner leur confiance pour que ces villages puissent remplir pleinement leur fonction. Ce ne serait pas insurmontable de mettre fin à ces bidonvilles puisqu'il y a au bas mot entre 15 000 et 30 000 Roms en France.

Valls ne se contente pas d'insinuer que les Roms seraient incapables de s'intégrer, il fait un amalgame inacceptable entre la communauté Rom et les réseaux mafieux, feignant d'oublier que la loi interdisait encore dernièrement aux Roms de travailler légalement en France, réduisant ces populations à la mendicité ou à la revente de métaux. Cet obstacle est levé depuis sept mois, mais dans une période où le chômage explose. Bien sûr, dans ces bidonvilles misérables, faits de bric et de broc, on trouve aussi des voleurs et des trafiquants, mais comme dans d'autres communautés qui, elles, n'ont même pas l'excuse de l'extrême misère.

Valls se vante d'avoir expulsé 12 800 Roumains et Bulgares. Et il peut penser que ce sera payant électoralement. Mais à ce petit jeu, il favorise surtout le FN, et le pire, c'est qu'il le fait en connaissance de cause.

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