Neige et pagaille : À qui la faute ?21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Neige et pagaille : À qui la faute ?

Lors des sévères épisodes neigeux de ce début mars dans le nord et nord-ouest du pays, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a conseillé aux automobilistes « de rester chez eux ». Mais si des millions de salariés ont bravé les intempéries, c'est tout simplement pour aller travailler et ne pas perdre une journée de salaire.

Si le gouvernement avait véritablement voulu éviter le chaos, il aurait pu décréter une journée chômée et intégralement payée par les employeurs !

Mais les propos désinvoltes du ministre résument également le désengagement de l'État qui a conduit à la dégradation de l'entretien et de l'exploitation du réseau routier, à l'incapacité à prévenir et à gérer les situations de crise. Depuis des années, les gouvernements successifs ont en effet taillé dans les effectifs et les moyens, restructuré de manière brutale, décentralisé, privatisé une grande partie des services de l'ex-ministère de l'Équipement, en rebaptisant ministère de l'Écologie ce qu'il en reste aujourd'hui.

Celui-ci n'a gardé, pour l'instant, que les DIR (Directions interdépartementales des routes), chargées de l'entretien des voies rapides autour des principales agglomérations et de quelques grandes routes restées nationales. Le reste du réseau est entretenu par les Conseils généraux et les communes. Les autoroutes sont, elles, déneigées par leur concessionnaire, mais quand il neige trop, il arrive qu'elles ferment carrément, envoyant le trafic engorger les voies secondaires déjà saturées.

Rien que sur le réseau entretenu par les DIR, la CGT réclame mille postes supplémentaires pour pouvoir faire face. Les conditions de travail sont catastrophiques pour les agents : des temps d'intervention à rallonge, sans respect de la réglementation, durant parfois plus de vingt heures dans la journée !

Depuis le 1er janvier 2010, les parcs d'entretien des véhicules et engins ont été transférés par l'État aux départements. Conséquence : les DIR doivent désormais faire appel à des prestataires privés, avec toutes les lourdeurs et les retards que cela implique.

À cette dégradation du service public s'ajoutent un trafic très dense autour des grandes villes et des poids lourds de plus en plus nombreux, qui rendent le déneigement parfois impossible. Les agents dénoncent aussi le manque de synergie entre les différents services gestionnaires, sans prévisions d'ensemble, sans mise en commun des effectifs et des moyens. Tel est le cas par exemple de la gestion des stocks de sel, fréquemment en rupture.

Tant que l'argent public ira grossir les profits patronaux, tous les services utiles à la population ne pourront que se dégrader.

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