Le pape nouveau est arrivé... Il ne vaut pas mieux que l'ancien21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le pape nouveau est arrivé... Il ne vaut pas mieux que l'ancien

Le 19 mars 2013, la plupart des chefs d'État du monde ou leurs représentants se sont retrouvés au Vatican pour assister à l'intronisation du nouveau pape, ex-premier prélat d'Argentine, Jorge Mario Bergoglio, élu pour remplacer Benoît XVI, pape démissionnaire.

Gros changement, nous dit-on, ce pape n'a pas été choisi parmi les prélats européens, mais c'est très relatif : un humoriste n'a-t-il pas expliqué qu'« un Argentin est un Italien qui parle espagnol et se prend pour un Anglais ».

Le nouveau pape va se faire appeler François, en honneur à François d'Assise, « homme de pauvreté et de paix ». Il se présente donc comme le « pape des pauvres »... mais pas comme celui qui va supprimer la pauvreté. Sa « simplicité » est vantée mais elle se limite à prendre le métro ou payer ses nuits d'hôtel.

En Argentine, il est connu comme un conservateur qui s'est opposé au droit au mariage pour les homosexuels, qu'il a dénoncé bien entendu comme « la volonté de détruire le plan de Dieu ». Il est notable qu'en Argentine le poids de l'Église reste tel qu'il n'y a toujours pas de loi en faveur de l'avortement. Le prélat, cela va sans dire, est opposé à l'usage du préservatif comme moyen de se protéger du sida, au mariage des prêtres et à l'ordination des femmes.

Il s'inscrit donc dans la lignée réactionnaire de Jean-Paul II et Benoît XVI. De la même façon, il ne s'est pas distingué des prises de position de la hiérarchie catholique argentine, soutien zélé de la dictature militaire de 1976 à 1983. Durant cette période, Jorge Mario Bergoglio était à la tête des jésuites. Deux d'entre eux, Orlando Yorio et Francisco Jalics, actifs dans les bidonvilles, ce qui à l'époque était perçu par l'armée comme une attitude subversive, ont été arrêtés et torturés. Les deux hommes, décédés depuis, ont accusé le prélat, documents à l'appui, non seulement de ne pas les avoir protégés comme il le leur avait promis, mais d'avoir dénoncé l'un d'eux à l'armée comme complice de la guérilla. Le prélat s'en est, bien sûr, défendu dans un livre publié en réponse au livre de l'un de ses deux accusateurs.

Il est aussi accusé par une femme argentine d'avoir été, contrairement à ses déclarations publiques, très au fait de la pratique des militaires qui consistait à voler les enfants des militants après avoir assassiné les parents, au point d'avoir remis au père de cette femme une lettre lui permettant de retrouver la trace d'un petit-fils, enfant volé par l'armée.

Il faut aussi constater que le prélat s'est toujours gardé d'aller témoigner à l'un des multiples procès qui ont eu lieu ces dernières années contre dignitaires ou tortionnaires de la dictature.

C'est tout naturellement qu'il a pris part à la reprise en mains des jésuites pour débarrasser cette congrégation d'éléments jugés insuffisamment conservateurs. Comme l'a déclaré, ces jours-ci, le président des facultés jésuites de Paris, François 1er « n'est pas un naïf qui arrive aux affaires. Il a réussi à restaurer l'unité des jésuites, peut-être au prix de l'exclusion de quelques-uns ».

Benoît XVI avait démissionné pour, disait-il, provoquer l'élection d'un prélat « plus jeune »« aux réflexes moins datés ». Avec ce choix d'un pape de 76 ans très conservateur, on reste donc dans la continuité. Mais qui pouvait en douter ?

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