Groupe Renault : Après la signature de l'accord de compétitivité21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Renault : Après la signature de l'accord de compétitivité

La direction du groupe Renault a obtenu le 13 mars les signatures de la CFDT, de la CFE-CGC et de FO au bas de l'accord de « compétitivité ». La CGT a refusé de signer et ses responsables envisagent une procédure judiciaire contre l'accord.

Si la direction a finalement obtenu quasiment ce qu'elle voulait, ce ne fut pas sans réactions de la part des travailleurs des diverses usines, qui furent nombreux à débrayer, à plusieurs reprises, pour refuser le plan de régression sociale de Renault. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Ce « contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France », où l'on peut vainement chercher la croissance, le développement, le social et même la nouveauté, est un pensum verbeux d'où seules émergent clairement les attaques contre les salariés.

Les plus grossières sont la suppression de 8 200 emplois. Il s'agit de l'équivalent de deux, voire trois usines. Il y a aussi l'augmentation moyenne de 6,5 % du temps de travail des salariés restants, à la fois par la diminution des jours de congé et par la diminution des temps de pause, limités à vingt minutes par journée de travail. L'actuel plan de réduction des effectifs serait également prolongé. L'horaire de travail passerait à 1 603 heures par an.

La mobilité intersites des salariés, que Renault cherche à développer, n'a plus dans l'accord le caractère obligatoire que les patrons espéraient imposer sous la menace de licencier ceux qui n'en voudraient pas. C'est là un gain de la mobilisation de tous ceux qui ont refusé d'être contraints à cette mobilité pour que Renault économise sur le chômage partiel. Cela dit, la direction a maintenu les deux « pôles », Nord-Est et Vallée de la Seine, au sein desquels les travailleurs seront fortement incités à la mobilité, ne serait-ce qu'à cause de l'indemnisation insuffisante du chômage partiel qui leur ferait perdre 25 % de leur salaire.

Quant aux salaires, ils seraient bloqués en 2013 ce qui, compte tenu de l'inflation, signifie une perte de pouvoir d'achat, et « examinés en fonction de la situation de l'entreprise lors des NAO, les négociations annuelles obligatoires, avec l'objectif de développer la motivation et les parcours de carrière ». Traduction : pas grand-chose et à la tête du client.

Face à cela, on cherche en vain l'aspect « gagnant-gagnant » dont se félicite Montebourg en saluant l'accord. Le « retour industriel de Renault en France » serait un vague engagement de Ghosn à ne pas fermer d'usine. De la poudre aux yeux, à en juger par la promesse faite aux travailleurs de Flins d'une production de 110 000 voitures en 2013, alors qu'en 2012, ils en avaient fabriqué près de 116 000, et 147 000 en 2011 ! Pendant ce temps, le patron chiffre par centaines de millions les économies programmées.

Il n'y a rien d'étonnant donc à ce que bien des travailleurs restent opposés à cet accord et surtout attendent, méfiants, de voir comment les directions locales tenteront de l'appliquer. Un accord n'est qu'un bout de papier qui n'engage que les « partenaires » signataires et ceux qui les croient... Pas grand monde au final.

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