Du PS à l'UMP : La voix des marchands de canons21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Du PS à l'UMP : La voix des marchands de canons

Les patrons des sept grands groupes industriels de l'armement ont écrit à François Hollande pour lui demander de ne pas diminuer les crédits militaires. Ces braves gens font naturellement valoir que leur belle industrie pourvoit le pays en emplois « non délocalisables » et donne du travail à un vaste tissu de petites entreprises.

Enfin, l'armement serait d'après eux une « locomotive technologique pour l'ensemble de l'industrie française ». L'État leur a commandé pour onze milliards d'euros de matériel en 2012 et, économies budgétaires ou pas, les marchands de canons tiennent à ce que cela continue. À ces onze milliards de commandes, s'ajoutent les aides diverses à la recherche et les prestations de l'armée et de la diplomatie, premiers agents commerciaux des marchands d'armes français. Cet ensemble assure au pays, ou plutôt à une poignée de capitalistes, la place de quatrième exportateur mondial dans ce sinistre domaine.

Ces industriels, avant même que la loi de programmation militaire entre en discussion, ont trouvé des défenseurs. Le sénateur PS Jean-Louis Carrère, affirmant parler au nom de nombre de ses collègues, a décrété « la Patrie en danger ». Il prétend qu'une baisse des crédits militaires ne permettrait plus de « maintenir le rôle de la France au niveau qui est le sien ». Le rôle en question consiste à bombarder des villages afghans, à transformer la Libye en capharnaüm sanglant, à sauver la mise à des gouvernants corrompus au Mali, à entretenir des bases partout où l'exige la défense des intérêts des capitalistes français.

La droite ne pouvait pas laisser un député socialiste monter seul au créneau pour défendre l'industrie de guerre. François Fillon a lui-même pris la plume. Et d'affirmer qu'on pouvait tout sacrifier sur l'autel de la rigueur budgétaire, les salaires, les emplois, les retraites, le service public, tout mais pas l'armée. Les crédits militaires doivent, d'après Fillon, être maintenus coûte que coûte. Le texte de l'ancien Premier ministre a été publié dans le quotidien Le Figaro, propriété de Dassault. Le fait que le même Dassault fabrique aussi les avions de combat Rafale, soit le premier actionnaire du groupe d'­électronique de défense Thales et contrôle par son intermédiaire les arsenaux de marine, ce qui lui donne le pouvoir dans trois des sept groupes d'armement, n'a aucun rapport avec cette publication. Chacun sait qu'un homme comme Fillon n'est pas à la solde des marchands d'armes et n'écoute que sa conscience.

Nul besoin de sortir de Saint-Cyr pour prévoir que Hollande, son Premier ministre Ayrault, son ministre de la Défense Le Drian et les députés qui les soutiennent n'écouteront que leur conscience. Et qu'elle leur dictera quelque chose d'approchant : pas touche aux profits des marchands de canons !

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