Contre le Mediator : Le combat continue21/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2329.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contre le Mediator : Le combat continue

Irène Frachon, la pneumologue du CHU de Brest qui s'était battue pour faire reconnaître la toxicité du Mediator et faire interdire ce poison, continue son combat. Et elle a du pain sur la planche.

De 1976, année de son lancement, à 2009, quand il fut enfin interdit, cinq millions de personnes ont pris du Mediator, un médicament initialement présenté pour lutter contre le diabète. Quand, à la fin des années 1990, il fut démontré qu'il était inefficace comme antidiabétique et, pire, qu'il était susceptible de provoquer des effets indésirables très graves sur le coeur, le laboratoire Servier a tout fait pour le maintenir sur le marché. Pourquoi ? Parce qu'il était utilisé comme coupe-faim et que c'est un marché qui rapporte gros. On estime que de 500 à 2 000 personnes en sont mortes.

En septembre 2011, l'État mettait en place un système d'indemnisation par l'Oniam (l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux) pour les personnes s'estimant victimes du Mediator. 7 865 dossiers d'indemnisation ont été déposés devant l'Oniam. En décembre 2012, 1 378 dossiers avaient été examinés par le collège d'experts médicaux et... seulement 46 dossiers acceptés pour indemnisation !

« Cela ne colle pas ! », s'insurge Irène Frachon. Spécialiste en la matière, elle affirme que le nombre de malades souffrant de pathologies cardiaques directement imputables au Mediator est beaucoup plus important et promet pour le mois d'avril la publication d'une étude qui apporte la preuve de cette causalité.

Le combat n'est pas terminé contre le scandale du Mediator et contre le laboratoire Servier, directement responsable de la souffrance de malades qui ont consommé un médicament qui aurait pu et dû être interdit au moins douze ans plus tôt.

L'Agence du médicament, l'autorité sanitaire responsable de la sécurité et du contrôle des médicaments, vient d'être mise en examen pour « homicides involontaires et blessures involontaires ». Au mois de février, deux anciens responsables de cette autorité avaient été eux aussi été mis en examen, parce qu'ils étaient à la fois juges et partie, chargés du contrôle et directement liés à Servier ou à l'industrie pharmaceutique. Les mises en examen se multiplient, dont celle de Jacques Servier et des sociétés de son groupe. Il faudra de longues années pour voir leur aboutissement.

Il est une mise en accusation qui s'impose mais qui ne sera jamais prononcée par les tribunaux : celle d'une société où le profit privé règne en maître et qui fait qu'un médicament est produit d'abord et avant tout pour son intérêt financier.

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