COFPA – Albany-Saint-Junien (Haute-Vienne) : Pour tenter de justifier les licenciements, la direction agrémente les comptes à sa sauce06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

COFPA – Albany-Saint-Junien (Haute-Vienne) : Pour tenter de justifier les licenciements, la direction agrémente les comptes à sa sauce

Surprise, au dernier comité central d'entreprise du groupe Albany : l'usine de Saint-Junien, qui a réalisé plus de 4 millions de bénéfices en 2011, ne serait plus bénéficiaire dans l'avenir.

Comment en est-on arrivé là ? C'est simple, la plupart des grands groupes le font constamment : la direction refait les comptes en répartissant différemment ses coûts entre ses sites, considérés comme indépendants, décidant aussi lesquels sont en déficit. Pour Saint-Junien, les coûts fixes sont augmentés de 60 %, notamment par des frais de recherche ou de séjour de personnel de direction. Les travailleurs ne sont pas dupes : ce tour de passe-passe a pour but de justifier les licenciements prévus.

Devant l'indignation générale, au beau milieu de la campagne présidentielle, Albany avait renoncé à fermer l'usine de Saint-Junien. Mais aujourd'hui la campagne et les effets de manche de Montebourg devant l'usine sont loin, et la direction s'apprête à supprimer 75 emplois sur 126 à Saint-Junien et 126 sur 227 à l'usine de Sélestat. Albany a décidé d'orienter son activité vers l'aéronautique, infiniment plus profitable. Les terrains où elle va construire une nouvelle usine en partenariat avec Safran, à Commercy dans la Marne, sont déjà achetés, en partie avec des aides publiques !

Jeudi 21 février, plus de 500 manifestants se sont retrouvés devant l'usine Albany de Saint-Junien pour continuer à s'opposer aux 75 licenciements annoncés et, pour tout le monde, la rentabilité de l'usine de Saint-Junien rend ces licenciements d'autant plus révoltants. Parmi les manifestants il y avait évidemment de nombreux salariés de l'usine, des habitants de Saint-Junien et ses alentours, mais aussi des travailleurs d'autres entreprises, menacés eux aussi de licenciements, comme ceux de l'entreprise Elringklinger-Meillor de Nantiat. Le cortège est entré dans l'usine pour aller dire sa colère à la direction, mais celle-ci n'a pas eu le courage de venir affronter le vent glacial et les travailleurs. Durant le blocage de la N141 qui a suivi, les travailleurs scandaient : « Albany, tu n'es qu'un menteur avec les travailleurs ».

Eh bien, en manipulant la présentation de son bilan pour rendre artificiellement l'usine déficitaire, le groupe Albany ne fait que conforter les travailleurs dans leur opinion !

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