Montebourg et le patron des pneus Titan : Qui est le plus gonflé ?27/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2326.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Montebourg et le patron des pneus Titan : Qui est le plus gonflé ?

Dans une lettre à Arnaud Montebourg, Maurice Taylor, le patron du groupe américain du pneu agricole Titan international, a expliqué pourquoi il avait renoncé à racheter l'usine Goodyear d'Amiens Nord, par un tissu de bobards.

Qu'on en juge : les salariés « ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent pendant trois heures. Vous pouvez garder ces soi-disant ouvriers », écrit-il.

Cette lettre a été rendue publique le 19 février. Du coup, Montebourg s'est senti obligé de répondre, dénonçant des « propos aussi extrémistes qu'insultants », vantant « la qualité et la productivité de la main-d'oeuvre française » et menaçant de surveiller « avec un zèle redoublé » les pneus Titan importés en France.

Et Taylor de répliquer par retour du courrier : « Vous affirmez que je suis un extrémiste. (...) Je suis fou d'avoir eu l'idée de dépenser des millions pour racheter une usine de pneus en France, et verser certains des salaires les plus élevés au monde. (...) Votre gouvernement a laissé les barjots du syndicat communiste détruire les emplois les mieux rémunérés. (...) L'extrémiste, c'est votre gouvernement. » Et d'ajouter que « les Français sont trop chers, à cause notamment de leurs avantages sociaux » !

En fait, Taylor dit tout haut ce que pensent nombre de patrons de leurs ouvriers, et pas seulement en France : les ouvriers discutent trop et surtout ne travaillent pas assez, ils sont trop payés, etc. Son discours est brutal mais a le mérite de la franchise. Après tout, l'accord Medef-CFDT-CFTC sur la flexi-sécurité ne dit-il pas presque la même chose ?

Montebourg, lui, dans sa réponse, joue avec les mots. Bien sûr que Taylor est un provocateur réactionnaire, et le ministre ne l'ignorait pas quand il lui proposait de reprendre Goodyear. Il défend « notre pays, la France », en espérant que les ouvriers se sentiront vengés du méchant Américain. Mais lui aussi, comme son gouvernement, pense que les ouvriers, quelles que soient leur origine et leur nationalité, sont trop chers et trop exigeants. Et lorsque Peugeot ou Renault annoncent des milliers de suppressions de postes pour augmenter leurs profits, ce qui est bien plus grossier encore que les termes utilisés par Taylor, il laisse faire, quand il n'approuve pas carrément.

Quant aux menaces d'avoir « à l'oeil » les pneus Titan, elles doivent avoir bien fait rire Taylor. Car ne serait-ce que contrôler les importations de pneus agricoles, cela voudrait dire exercer une contrainte sur les patrons français qui les achètent et les commercialisent. Montebourg en est bien incapable.

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