Spanghero : Aux responsables de payer, et non aux ouvriers20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Spanghero : Aux responsables de payer, et non aux ouvriers

L'annonce le 14 février par Benoît Hamon de la suspicion de fraude de la société Spanghero et le retrait de l'agrément sanitaire à l'entreprise a fait l'effet d'un cataclysme à Castelnaudary. C'est avec des larmes que certains ouvriers ont appris la nouvelle car, pour la plupart, cette suspension « à durée indéterminée » signifiait la mort de l'entreprise et donc la perte de leur emploi. Le rétablissement partiel de l'agrément prononcé par le ministre quelques jours plus tard a donc été un soulagement. Mais l'inquiétude demeure car le maintien des 330 emplois de l'entreprise, et ceux des sous-traitants, est loin d'être garanti.

Vendredi 15 février, des salariés de Spanghero sont allés manifester à la préfecture de Carcassonne pour réclamer le rétablissement de l'agrément sanitaire. C'était en fait emboîter le pas aux dirigeants de l'entreprise et aux autorités locales. Finalement, l'usine va pouvoir reprendre la production de viande hachée et de saucisserie ainsi que l'élaboration de plats cuisinés. En revanche, elle ne peut pas pour l'instant poursuivre le stockage de matières premières congelées, au moins jusqu'aux conclusions définitives de l'enquête. Des salariés resteront au chômage technique, payés à 60 %, et dans l'angoisse des résultats de l'enquête.

La décision du gouvernement de retrait de l'agrément sanitaire était destinée à montrer qu'il se préoccupait de la protection des consommateurs. Mais ce sont bien les choix politiques des gouvernements depuis des années qui ont abouti à la quasi-disparition des services de l'État chargés de contrôler l'activité de ces entreprises de l'agroalimentaire en laissant aux patrons le soin d'organiser eux-mêmes les contrôles.

Que ce soit les salariés qui trinquent pour les escroqueries de la direction est d'autant plus choquant que le travail dans la société Spanghero est particulièrement dur et les salaires au plus bas. Le fondateur de l'entreprise, Laurent Spanghero, qui affiche ses sympathies à droite, avait imposé, par exemple, que les heures supplémentaires ne soient pas payées mais rattrapées au bon vouloir du patron. À contrario, quand l'activité est faible, il peut arriver que le salaire n'atteigne même pas le smic, faute d'un nombre suffisant d'heures travaillées.

Le scandale actuel révèle l'absurdité du fonctionnement de l'industrie agroalimentaire qui arrondit ses marges en créant des circuits insensés pour les produits. Il démontre également l'irresponsabilité des dirigeants. Mais il ne doit pas avoir pour résultat de plonger dans la misère des centaines de familles et de ruiner une ville. Ce n'est pas aux salariés de payer, mais aux responsables. Ceux-ci ont gagné suffisamment d'argent, y compris avec des combines, pour pouvoir garantir les emplois et le paiement des salaires.

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