Sevelnord - Hordain (Nord) : PSA met en place la compétitivité Les travailleurs résistent20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sevelnord - Hordain (Nord) : PSA met en place la compétitivité Les travailleurs résistent

Sevelnord a été longtemps une usine qui appartenait à la fois à PSA et à Fiat, avant que Fiat ne se retire. PSA y a imposé un accord de compétitivité avec, comme c'est maintenant d'usage chez tous les constructeurs, un chantage à la clé. Les syndicats étaient appelés à signer pour un gel des salaires, des aggravations des conditions de travail, l'acceptation de la mobilité interne et externe. En échange, PSA « s'engageait » à produire un nouvel utilitaire à Sevelnord et à ne pas licencier.

L'accord a été signé à l'été 2012 par les syndicats SPI-GSEA, CGC et FO, mais pas par la CGT. Mais c'est seulement le 20 février que la direction a prévu d'arrêter le travail pendant deux heures pour l'expliquer aux travailleurs de l'usine ! Mais en fait, beaucoup ont déjà pu expérimenter les effets de cet accord qui ne devrait pourtant s'appliquer qu'au début mars.

L'usine a perdu 993 salariés entre 2008 et 2012. En dix ans, les effectifs sont passés de 4 000 à 2 800 travailleurs. Il y a des départs dits « volontaires », des travailleurs soumis à des pressions et poussés à la démission, des mutations en tout genre, dans le groupe ou vers d'autres usines « partenaires ».

La pression est ressentie par tous : les suppressions de postes ont amené une aggravation des cadences. Ceux qui ont du mal à suivre physiquement sont littéralement harcelés jusqu'à ce qu'ils craquent. C'est ce qui a été à l'origine des récents débrayages : les cadences sont devenues insupportables, les mutations forcées aussi, comme récemment de l'atelier ferrage au Montage. Ce ne sont pas des militants syndicaux qui ont donné le signal mais des travailleurs qui, tout simplement, ont arrêté le travail parce que « ce n'était plus possible ».

À cela s'ajoute le gel des salaires et la mise en place prochaine de « l'overtime » façon Toyota. La direction a rallongé le temps entre les postes du matin et de l'après-midi, de façon à pouvoir décider de rallonger le temps de production « si la production du poste était insuffisante ». Elle s'engage à prévenir « au moins » deux heures avant la fin du poste. Autrement dit, on saura à quelle heure on vient au travail, mais on ne saura pas quand on le quitte...

Une autre innovation de PSA est le chômage tournant. C'est un chômage technique qui s'appliquerait par UEP (Unité élémentaire de production), ou par journée, ou par salarié, chacun son tour... ou un système qui combinerait les trois.

Alors évidemment tout le monde se pose la question : les voitures se vendent moins, paraît-il. Alors, pourquoi prévoir en même temps de l'overtime et du chômage technique ? Pourquoi ne pas lisser la production de façon à la répartir entre tous ? Pourquoi ne pas travailler moins longtemps et à des cadences moins élevées ?

Mais ce n'est pas ainsi que raisonne PSA. S'il a annoncé des résultats financiers catastrophiques après des tripatouillages financiers et des jeux d'écriture, c'est bien pour faire pression sur les salariés, pour tenter de les convaincre d'accepter tous les sacrifices.

Un militant syndical de l'usine a relayé la propagande du patron en disant : « Le groupe est en train de sombrer, il faut tout faire pour le sauver ». Des travailleurs ont pu sans doute s'y laisser prendre quelque temps, mais les débrayages montrent que l'ambiance est en train de changer.

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