JPM - Moulins (Allier) : En grève pour faire payer la direction20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

JPM - Moulins (Allier) : En grève pour faire payer la direction

Depuis lundi 18 février, les travailleurs de JPM à Moulins bloquent leur entreprise : aucun camion ne rentre, aucune pièce ne sort.

La fermeture de l'usine est prévue depuis le 21 juin 2012. 105 postes sont supprimés purement et simplement, 58 travailleurs pourraient éventuellement partir dans une autre usine du groupe à Sainte-Savine dans l'Aube (Vachette). On garderait seulement les 29 commerciaux.

Depuis le 11 février, les négociations entre la direction et les syndicats sur le montant de l'indemnité de licenciement ont commencé. À la première réunion, la direction proposait 30 000 euros brut. Elle proposait aussi huit mois de salaire si les stocks de l'entreprise étaient remontés. Pour les travailleurs de JPM, il n'était pas question d'accepter ces propositions et, à partir du mardi 12 février, le travail était arrêté. Sans avoir décidé formellement la grève, tout le monde venait à l'usine mais sans travailler. À la deuxième réunion, la proposition de la direction passait à 35 000 euros. Mais c'était encore loin du compte car la revendication est 240 000 euros.

JPM appartient à Assa Abloy qui est un groupe mondial de serrurerie. En dix ans, il a racheté dix-sept sociétés, fermé quinze entreprises et licencié au moins 3 800 travailleurs. En 2009, un plan de 129 licenciements a déjà touché l'usine de Moulins. Et il avait fallu plusieurs jours de grève pour obtenir 50 000 euros pour chaque travailleur licencié en plus de la prime légale.

L'usine de Moulins est bénéficiaire : plus de 14 % de profits en 2011. Depuis l'annonce de la fermeture de l'usine, il n'y a jamais eu autant de travail. Plusieurs dizaines d'intérimaires ont été embauchés, en décembre une prime de 600 euros a été proposée par la direction si toutes les commandes prévues étaient faites.

Pour la direction, 30 000 euros, c'est « un gros effort pour l'entreprise ». Elle ose même dire « qu'en cherchant bien il serait possible de retrouver un emploi ». La cellule de reclassement installée dans l'usine n'a que deux postes à proposer : un où il faut 10/10 de vision des deux yeux et l'autre pour un BTS numérique ! Pour la plupart des travailleurs, JPM est leur premier emploi. Ils n'ont jamais fait de CV et se sont formés sur le tas. Alors, si la direction n'est pas capable de leur trouver un emploi, qu'elle paye !

À force de mépris, la direction n'a eu que ce qu'elle méritait : la grève. Elle dit maintenant qu'elle arrête les négociations tant que l'usine est bloquée, mais les soi-disant négociations avaient tout d'un diktat.

Pour l'instant, autour des feux de bois, le moral est bon. Même si ce ne sera pas facile, on sait que lutter est la seule solution pour ne pas être licencié avec une aumône.

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