Crédit agricole : Dépréciations d'actifs... et austérité pour les salariés20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Crédit agricole : Dépréciations d'actifs... et austérité pour les salariés

La direction du Crédit agricole vient d'annoncer des pertes de 6,5 milliards d'euros, mais en fait 3,8 milliards pour l'ensemble du groupe avec le résultat des caisses régionales, ce qui n'est pas très étonnant vu les placements hasardeux qu'elle a faits, et de plus elle a procédé à des dépréciations d'actifs de près de 4 milliards.

Au Crédit agricole, le personnel est bien placé pour savoir que les profits ne signifient pas des améliorations pour lui, car fin 2011 la direction a annoncé 2 350 suppressions d'emplois dans le groupe, dans le même temps où elle annonçait un milliard de bénéfices.

Les résultats complets pour l'année 2012 n'étaient pas encore connus que déjà il a été annoncé dans de nombreux secteurs (Casa, Cacib, LCL) qu'il n'y aurait aucune augmentation de salaire collective.

Le groupe Crédit agricole, qui emploie 160 000 salariés dans le monde, comprend de nombreuses filiales dans plusieurs domaines d'activités, que ce soit l'assurance, le crédit à la consommation, le financement d'entreprises et de grands projets. Il est présent dans la banque de détail en France avec le réseau des 39 caisses régionales et celui de LCL. Quant à la filiale de banque et d'investissement Cacib, son réseau s'étend également à l'international puisque des filiales sont présentes dans différents pays.

C'était d'ailleurs le cas en Grèce avec la banque Emporiki, dont le Crédit agricole avait pris 72 % du capital en 2006. Depuis, il l'a revendue à Alpha Bank, ce qui lui fait dire aujourd'hui que la crise grecque lui a coûté cher, mais le peuple grec paye bien plus cher les avatars du système bancaire.

Dans le même temps, le Crédit agricole s'engage dans de « nouvelles réductions de coûts », c'est-à-dire des économies sur le dos du personnel, des regroupements d'activités, des déménagements pour que les coûts immobiliers soient réduits, mais aussi des suppressions de postes, des départs non remplacés.

À Cacib, 200 millions d'euros d'économies sont annoncés d'ici 2015 pour améliorer la rentabilité : arrêt de certaines activités, mutualisation des moyens, recours à la sous-traitance, entre autres.

Concrètement, les économies se font sur le dos des personnels, qui en font les frais tous les jours : après le plan social 2008, il y a eu le plan de 1 750 départs volontaires dans le monde et les salaires bloqués pour ceux qui restent. Des activités informatiques sont déjà sous-traitées à Singapour, des prestataires ont été renvoyés sans être remplacés. Au cours de l'année 2012, la direction a vendu CLSA, son courtier en Asie, à la société chinoise Citics et sa société de Bourse Cheuvreux au courtier Kepler. Seuls 20 % des 700 salariés seront repris par Kepler.

À l'image de grands groupes comme ArcelorMittal et PSA, le Crédit agricole procède à des dépréciations d'actifs. Ce qui est un artifice comptable permettant d'annoncer des résultats en baisse. Il s'agit de donner arbitrairement telle ou telle valeur à des actifs tels que les marques commerciales, la réputation ou encore la propriété industrielle et commerciale. Le Crédit agricole par exemple dit qu'il doit réactualiser la valeur des parts de capital acquises dans des banques étrangères, dont la valeur aurait baissé depuis. Les Caisses régionales elles-mêmes ont déprécié leur participation dans Crédit agricole S.A. Cela diminue les résultats et permet aux patrons de dire que cela va mal et que les salariés doivent faire des sacrifices.

En réalité, ces « nettoyages de bilan » permettent surtout de se faire bien voir des actionnaires. D'ailleurs le cours de l'action a bondi dès que le Crédit agricole a annoncé qu'il allait procéder à 3,8 milliards d'euros de dépréciations d'actifs ! Mais, à quelque filiale du groupe Crédit agricole que l'on appartienne, il n'y a pas à se laisser abuser. De l'argent, il y en a, pour augmenter les salaires et maintenir les emplois.

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