Continental - après quatre ans de lutte et de mobilisation : Licenciements annulés20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental - après quatre ans de lutte et de mobilisation : Licenciements annulés

Le 14 février, le tribunal administratif d'Amiens a annulé tous les licenciements, 22 au total, des salariés protégés de l'usine Continental de Clairoix fermée en 2009. Ce tribunal est en effet le seul à pouvoir juger de ces licenciements. De façon tout à fait inhabituelle, son jugement est un jugement de principe qui conteste le motif économique de ces licenciements. Il a une portée qui dépasse le cadre de l'usine de Clairoix, et même celle du groupe Continental.

Le tribunal annule tous les licenciements qui lui avaient été soumis, préalablement autorisés par l'inspection du travail et surtout par le ministre du Travail. Mais il a donné une portée particulière à son jugement, écartant l'examen de tous les autres motifs et basant sa décision sur l'analyse détaillée de la situation économique du groupe Continental au moment de la décision de fermeture en 2009.

Le rapporteur a examiné en détail le taux de rentabilité réel (et exceptionnel) du groupe dans toutes ses divisions, la réalité de sa production et de ses ventes en France et en Europe, y compris hors de l'Union européenne. Il a aussi constaté son excellente santé financière, ses capacités à encaisser le petit aléa de la baisse modérée de ventes en 2009, malgré les annonces catastrophistes sur les conséquences de la crise. La conclusion était que la fermeture et les licenciements qui l'ont accompagnée ne répondaient à aucune obligation économique et devaient être annulés.

C'est donc un désaveu cinglant des licenciements prononcés par Continental et du soutien reçu de l'ancien gouvernement Sarkozy, mais tout autant du gouvernement Hollande dont le ministre du Travail Sapin a osé, en août 2012, affirmer que « la fermeture de l'usine de Clairoix était totalement justifiée », ce que le gouvernement de droite n'avait jamais osé écrire.

Cette condamnation des licenciements vaut tout autant pour l'usine de Stöcken en Allemagne, fermée en même temps que celle de Clairoix, avec à la clé plus de 800 licenciements. Mais elle vaut aussi pour la fermeture de l'usine d'Asnières ou les licenciements de celle de Rambouillet en 2009. Elle vaut encore pour les sacrifices demandés partout ailleurs sur la base des mensonges du groupe Continental, en particulier dans les usines de sa division « automotive », en France dans la région de Toulouse et en Allemagne. Sans oublier les sacrifices et les baisses de salaires, à travers la forte diminution des primes, imposés jusqu'à aujourd'hui aux 1 700 travailleurs de Sarreguemines au nom de « la nécessité de financer le plan social de Clairoix » !

Il est évident que la lutte acharnée des travailleurs de Continental, le retentissement qu'elle a eue et les mobilisations qui se sont poursuivies jusqu'à aujourd'hui ne sont pas étrangers à ce jugement. Avant même d'en connaître le résultat, 150 salariés de Continental s'étaient réunis le 14 février à Clairoix à l'appel du comité de lutte, dans les locaux de l'usine, pour en tirer les conclusions et les actions à entreprendre. Il va mettre sur pied toutes les initiatives nécessaires pour défendre au mieux les intérêts des travailleurs licenciés et de tous ceux de Continental, en s'appuyant sur ce jugement qui reprend ce qu'il avait dénoncé jusque-là.

Dès le lendemain 15 février, à la réunion qui se tenait à la sous-préfecture de Compiègne, appuyé par une délégation de travailleurs, le comité de lutte exigeait de la direction générale de Continental présente qu'elle assume ses responsabilités vis-à-vis de ses salariés, dont plusieurs centaines pourraient se retrouver au RSA fin 2013, en s'adressant également à l'État. En plus d'un rassemblement à l'occasion du prochain procès des prud'hommes qui doit se rouvrir le 26 février, d'autres initiatives sont en préparation.

En tout cas, c'est la démonstration que si les travailleurs conqueraient le droit de mettre à nu les comptes des groupes capitalistes, ils pourraient prouver que les licenciements ne sont jamais justifiés. Les réserves financières de tous ces groupes richissimes, à commencer par ceux de l'automobile comme Michelin, Goodyear mais aussi PSA, Renault, Bosch et tous les autres, permettraient sans problème d'assurer le maintien de l'emploi et des salaires de tous leurs travailleurs et de ceux de leurs sous-traitants.

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