Au procès de l'usine Amisol de Clermont-Ferrand : Un non-lieu scandaleux20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au procès de l'usine Amisol de Clermont-Ferrand : Un non-lieu scandaleux

Le 8 février, l'ancien patron de l'usine Amisol de Clermont-Ferrand a bénéficié d'un non-lieu décrété par la cour d'appel de Paris. Révoltés par un tel jugement, les victimes de l'amiante ou leurs descendants continuent la lutte pour faire reconnaître les responsabilités des employeurs et les complicités dont ils bénéficient dans l'appareil d'État depuis des années.

L'usine Amisol, fermée en 1974, était située en pleine ville, avec quatre cents salariés, en majorité des femmes, qui manipulaient l'amiante sans aucune protection. On estime qu'il y a eu depuis cette date 65 décès et de nombreux autres travailleurs sont malades, atteints des diverses maladies dues aux poussières d'amiante.

Ces cas sont loin d'être uniques. Il y a un mois, la même cour d'appel a décrété, de façon aussi scandaleuse, que le dossier de l'usine Ferodo-Valeo, dans le Calvados, devait être refermé puisque, selon les juges, il n'y aurait pas de relation de cause à effet dans les décès de plus de 1 100 salariés en trente ans !

Et pour que l'on enterre définitivement cette affaire interminable, c'est tout le travail d'enquête de la juge Marie-Odile Bertella-Geoffroy qui est mis en cause. La cour d'appel la somme d'abandonner ses dossiers puisqu'il n'y aurait aucune justification à poursuivre l'instruction.

Quant à Amisol, l'hypocrisie des juges atteint des sommets : ils prétendent qu'en 1974 on ne connaissait pas les dangers de l'amiante. Ceux-ci ont été décelés dès le début du 20e siècle et l'amiante a été interdit dans plusieurs pays bien des années avant 1974.

Avec de tels raisonnements, les patrons et entreprises où l'on utilisait de l'amiante dans des conditions où la sécurité faisait totalement défaut sont donc innocentés d'office.

Malgré de telles manoeuvres, les victimes de l'amiante ou leurs proches ne baissent pas les bras et continuent la lutte pour faire reconnaître la culpabilité des uns et la complicité des autres.

À Clermont-Ferrand, le CAPER (Comité amiante prévenir et réparer), une antenne régionale de l'Andeva a décidé le lancement d'une campagne de pétition nationale. Il dénonce à juste titre la décision inique de la cour d'appel comme « un manque de respect absolu à l'égard des victimes » et il s'adressera aussi à la cour de cassation.

Il ne faut pas que le scandale de l'amiante soit étouffé, ne serait-ce que par égard aux milliers de victimes, même des dizaines d'années après.

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