Allocations familiales : Taxer encore les plus pauvres ?20/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2325.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Allocations familiales : Taxer encore les plus pauvres ?

Parmi les campagnes tous azimuts pour réduire les dépenses de l'État, une déclaration du premier Président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a pris en ligne de mire les allocations familiales. Il a suggéré, pour combler le déficit de 2,6 milliards de la branche famille de la Sécurité sociale, de fiscaliser les allocations, c'est-à-dire de les englober dans le revenu déclaré par les familles et de les soumettre à l'impôt.

Après ce ballon d'essai, présenté comme une initiative individuelle, le gouvernement a commandé une étude sur la question, qui lui sera rendue fin mars. C'est le procédé habituel, accompagné d'une petite campagne médiatique, pour s'en prendre finalement au porte-monnaie de la population, en l'occurrence des parents.

Bien sûr, différentes solutions sont évoquées. L'une, présentée comme plus équitable, consisterait à plafonner ou à attribuer ces allocations sous condition de ressources, les ménages les plus aisés n'attendant pas après les 127 euros mensuels pour élever deux enfants. Jospin, en son temps, avait essayé de mettre en place ce plafonnement et avait dû faire machine arrière devant les réactions. Et depuis, aucun gouvernement ne s'y est risqué.

Les autres « pistes » envisagées par le gouvernement consisteraient soit à geler la revalorisation des allocations qui, pour le moment, augmentent en fonction du coût de la vie, soit à les fiscaliser. Dans les deux cas, les plus touchés seraient les milieux modestes obligés de faire face à la hausse permanente du coût de la vie avec un revenu bloqué. Quant à la fiscalisation, elle augmenterait les impôts à la charge des ménages.

En réalité, les sommes versées sont à la fois bien insuffisantes pour élever des enfants, trop limitées dans le temps, et pourtant vitales pour certaines familles. Et même avec un seul enfant à charge et donc pas d'allocation, beaucoup de parents aux revenus très bas ne s'en sortent pas.

Comme pour toutes les prestations sociales, le déficit de la branche famille est d'abord dû au manque de rentrées de cotisations de Sécurité sociale, en raison du chômage. Donner aux parents le moyen d'élever correctement leurs enfants nécessiterait d'abord de garantir les emplois. Cela nécessiterait aussi d'augmenter les salaires, au lieu de saupoudrer des aides de toute façon insuffisantes.

Il serait inadmissible, pour combler un déficit dû avant tout à la politique patronale, de taxer encore une fois les plus pauvres.

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