PSA – Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs dans leur quatrième semaine de grève14/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2324.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Aulnay-sous-Bois : Les travailleurs dans leur quatrième semaine de grève

Lundi 11 février la grève a continué à l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois avec le renfort d'une partie importante de nouveaux travailleurs convaincus de se joindre au mouvement contre les menaces de licenciements et au moins à l'occasion de la réunion de négociation.

Mardi 5 février, après le meeting de soutien organisé devant l'usine, les travailleurs en grève avaient eu la surprise de recevoir une lettre du directeur de l'usine. Celui-ci ne lésine pas sur les mensonges. Les 3 500 postes de reclassements n'existent que dans cette lettre. Les chiffres avancés sur les reclassements sont faux. Et cette lettre alignait en plus menace sur menace.

Mais cette lettre n'a pas réussi à entamer la détermination des grévistes. Le lendemain, on les retrouvait à une centaine, aux abords du stade de France au moment d'un match. Dans la journée, il avait suffi qu'ils annoncent leur intention d'aller y faire une collecte pour leur grève et en même temps d'interpeller Hollande sur la fermeture de l'usine pour décrocher un rendez-vous avec un conseiller de Hollande. Ce qui n'était pas possible depuis des mois l'est devenu soudain ! Ce soir-là, pendant que les grévistes discutaient avec les spectateurs des raisons de leur lutte, le secrétaire général adjoint de Hollande promettait de s'occuper de la présence des vigiles sur le parking de l'usine, des procédures de sanctions contre les militants de la grève, de mettre en place un médiateur et de démarrer des discussions avec le ministère du Travail. Premier constat : vendredi 8 février, la direction rangeait ses vigiles. Encore une fois, la lutte avait forcé la direction à reculer.

Des méthodes patronales qui ne passent pas

D'ailleurs, la direction a vraiment échoué sur toute la ligne, avec ses tentatives de diviser les salariés de l'usine. Les derniers jours de la semaine, des non-grévistes jusqu'alors ont menacé de se mettre en grève si les cadres chargés de les surveiller ne disparaissaient pas du paysage. Le 8 février, au Ferrage, des grévistes ont proposé une assemblée commune aux non-grévistes qui sont venus massivement. C'est à plus de cent qu'ils ont discuté et constaté ensemble que les seules avancées arrachées à la direction l'ont été grâce à la grève. L'assemblée s'est finie par des applaudissements enthousiastes, sous le regard furieux des cadres.

« Madaaame, il m'a touché ! »

C'est cette conscience et cette solidarité face aux sanctions qui se sont exprimées lundi 11 février. Les grévistes se sont retrouvés plus nombreux et la production toujours à l'arrêt. La direction non seulement continue à perdre des voitures, plus de 10 000 depuis le début de la grève, mais en plus les usines de Poissy, Metz et la Française de Mécanique sont en partie au chômage. Pour autant, la direction continuait son bras de fer, en convoquant des grévistes pour les sanctionner le jour des prétendues négociations, le mardi 12 février. Le message était donc clair pour bien des travailleurs. Et ils étaient encore plus nombreux, plus de 400, pour accompagner leur camarade menacé de licenciement. À celui-ci, la direction a reproché un « tir tendu d'œuf » pour justifier son licenciement ! Voilà la réalité des fameuses violences reprochées aux grévistes.

Dans le même temps, un chef s'est taillé une cote de popularité involontaire. Devant des grévistes consternés, il est allé se plaindre auprès d'une huissier qu'on l'avait « touché ». Les grévistes, hilares, l'ont alors entouré en criant « Madame, il m'a touché ». Même l'huissier en riait. La direction enrageait que ces sanctions n'arrivent pas à démoraliser les grévistes.

Après une assemblée enthousiaste, des grévistes sont partis au rassemblement des travailleurs de Goodyear. Ils voulaient marquer ainsi leur conviction que c'est une lutte de tous les travailleurs qui pourra faire reculer le patronat. Puis ils sont allés redécorer les vitrines du siège social et des concessionnaires Peugeot et Citroën des Champs-Élysées.

« C'est la direction qui refuse de négocier »

Le projet que la direction présentait finalement aux syndicats mardi 12 février était toujours le même. Aucune garantie sérieuse de reclassement, aucune mesure d'âge qui réglerait le problème de tous les 55 ans et plus, bref, toujours la même volonté de jeter les travailleurs dehors sans rien. Le cinéma autour des syndicats qui seraient prêts à signer ne peut pas cacher le rejet total des grévistes qui depuis le début se battent sur leurs revendications. C'est la direction qui refuse de discuter à partir des revendications des travailleurs.

Alors l'écrasante majorité des travailleurs, grévistes ou non, ont conscience que seule la grève permet de faire reculer la direction. Reste à les convaincre de se joindre tous réellement au mouvement pour faire en sorte que PSA revoie sa copie.

Du côté du gouvernement, après la rencontre au stade de France, l'Élysée a promis une réunion tripartite, avec le ministère du Travail cette fois, car les travailleurs ne veulent plus entendre parler de rencontre avec Montebourg. Personne ne sait encore quelle sera la réalité de cette réunion. Car le gouvernement avait aussi promis la mise en place d'un médiateur, qui n'était toujours pas nommé le 12 février.

La détermination des grévistes reste intacte mais tout le monde a conscience que pour faire reculer Peugeot il faudra renforcer la grève. La suite du mouvement dépend en grande partie des soutiens qu'ils trouveront autour d'eux, dans l'usine et auprès du reste du monde du travail, et aussi pour alimenter la caisse de grève qui approche des 200 000 euros.

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