Lasagnes au cheval : La petite cuisine de l'agroalimentaire14/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2324.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lasagnes au cheval : La petite cuisine de l'agroalimentaire

Les lasagnes surgelées Findus certifiées « au boeuf » étaient en réalité à la viande de cheval. Le scandale, déclenché par des contrôles réalisés en Grande-Bretagne, où la consommation de viande de cheval fait horreur, agite les médias, les milieux politiques, les groupes agroalimentaires et lève un coin du voile sur le dédale de ces circuits qui enrichissent intermédiaires et industriels de l'alimentation.

Pour créer ces plats de lasagnes, il fallait mobiliser quatre entreprises, deux courtiers en viande et faire voyager la commande à travers cinq pays : la France, le Luxembourg, Chypre, les Pays-Bas et la Roumanie, à la recherche de l'endroit où pourrait se trouver la viande à meilleur marché. Le fait que la commande ait abouti à de la viande de cheval roumaine, dont le prix, paraît-il, s'est dernièrement effondré, n'est donc pas dû au hasard mais bien à la recherche du meilleur profit. La viande, elle, une fois commandée, ne passait que de l'abattoir roumain au négociant français avant d'être cuisinée au Luxembourg. Le consommateur apprend au passage que cette viande hachée est ce que les professionnels nomment du « minerai », composé de « déchets de muscles, d'os, de collagène » (protéine qui sert aussi à fabriquer la gélatine). Même sans illusion sur la qualité du produit, voilà qui n'ouvre pas vraiment l'appétit.

Quand le miracle de la transformation de l'étiquetage du cheval en boeuf a-t-il eu lieu ? Se trouve-t-il à quelque niveau un petit malin qui s'est dit que le consommateur n'y verrait que du feu, mais que lui y gagnerait beaucoup ? Chacun se renvoie la balle, se déclare victime de mafias, et presque tous s'accordent pour accuser la Roumanie, qui pourtant affirme respecter les règlements et les contrôles sanitaires européens. Mais on apprend maintenant que certains groupes anglais n'hésitaient pas, eux-aussi, à faire passer du cheval pour du boeuf !

Mais les contrôles sont réalisés par les firmes elles-mêmes, et de temps en temps par des inspecteurs de services vétérinaires débordés de travail, vu les réductions d'effectifs. Quant aux produits transformés, il n'est même pas obligatoire d'indiquer la provenance des ingrédients utilisés pour les réaliser.

Saura-t-on jamais le mot de la fin ? En tout cas, il est sûr que ces patrons de l'agroalimentaire et de la grande distribution qui jouent les effarouchés, de Findus à Auchan, en passant par Carrefour et Picard, tous ces traders qui prélèvent leur dîme en donnant quelques coups de tampons sur des documents, ont pour seul mobile de faire du profit aux dépens des consommateurs. Et aux clients les plus modestes, ils n'hésitent pas à fournir des aliments très bas de gamme, y compris quand le produit correspond à l'étiquette.

Les industriels de l'agroalimentaire peuvent monter au créneau pour éviter de perdre des clients. Mais, même si le problème est heureusement moins grave que lors de la crise de la vache folle, l'exposé de leur fonctionnement incontrôlable montre au grand jour leur profond mépris du consommateur.

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