Marseille : « capitale de la culture »... mais pour qui ?09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : « capitale de la culture »... mais pour qui ?

Marseille a été désigné « capitale européenne de la culture » de l'année 2013, et cela doit donner lieu à une ouverture spectaculaire le week-end des 12 et 13 janvier. Mais cette désignation comme capitale culturelle, pour beaucoup de Marseillais, apparaît comme une grande galéjade tant jusqu'à présent la ville est d'abord un désert culturel pourvu seulement de quelques oasis.

Un habitant de la région PACA sur cinq vit dans un des quartiers « prioritaires » selon le dernier recensement de l'Insee, c'est-à-dire particulièrement pauvres, et la moitié d'entre eux déclarent moins de 520 euros par mois de revenus. La plupart de ceux-là vivent à Marseille, et sur le plan culturel, pratiquement rien ne leur est destiné.

Cette ville de 850 700 habitants, très étendue, ne dispose que d'une dizaine de musées fréquemment fermés, souvent faute de personnel. Actuellement, au moins trois d'entre eux le sont pour plusieurs mois en raison de travaux. La grande bibliothèque du centre-ville, la bibliothèque de l'Alcazar, a elle aussi fermé durant des semaines. Lors de son ouverture, en 2004, ce fut la ruée, car elle correspondait à un besoin réel. Mais dans les quartiers, loin du centre ville, ce sont des centaines de milliers de personnes, souvent logées dans les grands ensembles, qui ne disposent pas de bibliothèque accessible, les sept autres bibliothèques et les bibliobus du réseau municipal étant loin de couvrir toute la superficie de la ville.

Le théâtre du Merlan est le seul grand théâtre excentré dans les quartiers de grands ensembles, tout comme l'Espace culturel de la Busserine, malheureusement unique en son genre. La mairie n'a pas mis en place de maisons de la culture dans les quartiers. Seul l'effort d'associations diverses fait vivre du soutien scolaire ici, ailleurs des petits théâtres ou des groupes de peinture. Si ces associations bénéficient d'aides de la part de la mairie ou du Conseil général, elles ne remplacent pas ce qui serait vital : un réseau complet organisé par les collectivités locales.

Il y aurait pourtant beaucoup à faire dans une ville où les trois quarts des jeunes de 15 à 34 ans n'ont pas le baccalauréat. Ce n'est manifestement pas à eux que va être destinée l'année « capitale de la culture » mais à un public aisé et à des nantis dans l'attente desquels des magasins de luxe se sont installés récemment.

Alors, si les habitants des quartiers pauvres ne devraient guère profiter de cette année de la culture et des spectacles programmés, il n'en sera pas de même pour les croisiéristes, touristes et autres publics aisés. C'est d'ailleurs essentiellement pour les acheminer que la Régie des transports marseillais s'est souciée de réorganiser ses lignes, bien plus que pour mieux desservir les quartiers lointains.

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