Maisons de retraite : La dépendance soumise à la loi des affaires09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Maisons de retraite : La dépendance soumise à la loi des affaires

L'histoire est révoltante de cette femme de 94 ans se retrouvant aux urgences d'un hôpital, non parce qu'elle était malade mais parce qu'elle avait été mise à la porte de sa maison de retraite pour non-paiement des frais de séjour.

Les dessous de l'affaire et le contexte familial sont tout aussi révoltants : un fils percevant la retraite de la nonagénaire et gagnant très confortablement sa vie, tout comme son frère, mais ne payant pas la maison de retraite. Si bien qu'au bout de deux années la note atteint 40 000 euros. Soutenue par les tribunaux, la direction de l'établissement a donc exigé le paiement des arriérés. Faute d'une réponse, au bout de plusieurs mois, la vieille dame a été embarquée dans une ambulance devant la reconduire chez son fils mais, en l'absence de ce dernier, elle a donc finalement abouti aux urgences de l'hôpital où elle a passé tout le week-end des 5 et 6 janvier.

Tout est lamentable, indigne et révoltant dans cette histoire, à l'image de cette société où tout est affaire de business et de rentabilité, auxquels les maisons de retraite n'échappent pas.

Sur son site, le groupement de maisons de retraite médicalisées auquel l'établissement incriminé appartient, met en avant « le confort raffiné » de ses structures. Les photos sont très belles. Le tarif annoncé aussi : 124 euros par jour, soit... 3 720 euros pour un mois ! Et ce n'est pas une exception. Dans le Palmarès 2012 des maisons de retraite, pour l'Île-de-France, sur les vingt établissements sélectionnés, le tarif mensuel va de 2000 à 3 900 euros !

Dans cette liste, la plupart et les plus chers sont des établissements privés. En effet depuis quelques années les groupes privés de maisons de retraite fleurissent. Certains sont cotés en Bourse, tels Orpéa, Koria et Medica, les trois plus gros. Et ils se portent bien. C'est qu'avec l'allongement de l'espérance de vie, les seniors sont de plus en plus nombreux et donc les besoins en établissements pour personnes âgées, surtout pour personnes âgées dépendantes, ne cessent d'augmenter. Le « marché » des EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) s'élargit. Il est tout à fait profitable. Les chiffres d'affaires augmentent, avec une progression proche de 20 %, et avec eux les bénéfices et les dividendes augmentent aussi.

Ces établissements privés visent bien sûr la clientèle solvable, c'est-à-dire les plus riches. Pour les autres il y a les deniers publics de l'aide sociale versée par les Conseils généraux. Dans les établissements privés, cela ne concerne que peu de places, quant aux établissements publics, ils sont trop peu nombreux.

Le plus révoltant c'est que la prise en charge de la dépendance et des problèmes de vie des personnes âgées soient soumis, comme il est de règle dans cette société, à la loi des affaires.

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